mardi 9 juin 2009

Epilogue : Le Mythe de Sisyphe

Sisyphe est dans la mythologie grecque le fondateur mythique de la ville de Corinthe. Pour avoir offensé les dieux de l’Olympe Zeus le condamna à rouler éternellement un rocher au haut d’une colline dont il redescendait avant d’en avoir atteint le sommet. Sisyphe incarne donc l’absurdité de la répétition si chère aux psychiatres. De même les Danaïdes furent condamnées à remplir un seau d’eau sans fond comme me le disait Maman. Les Danaïdes, vous savez cette fontaine au ‘Chapitre’ située en haut de la Canebière la célèbre avenue Phocéenne. Cette fontaine de mon enfance où je passais devant avec Maman en revenant des Catalans ou de la Capelette : ‘The Glamorous Fifties’ décrites dans la Dynastie de L’Ephémère. Etrange coïncidence ! L’équation triste se trouve dans un confetti aux paramètres obscurs et apparemment insolvables.
Cette obsédante répétition éternelle compagne depuis ma venue au monde un soir de Décembre 1944. Cette ‘Répétition ‘qui vous nargue sans cesse ! Ce processus absurde dont je fus l’esclave qui m’amena moi-même à répéter. Pourtant cette répétition n’est pas dérivée de mon histoire personnelle, mais bien plus des processus antérieurs qui eurent des répercussions néfastes sur mes propres choix.

La Malédiction des Fouque :

Celle-ci vient frapper ma branche maternelle dès le 18 Septembre 1929 par le décès de Marie Louise Fouque épouse Cassely. C’était la jeune tante de Maman qui avait à peine une trentaine d’années, lorsque la mort vint frapper à sa porte. Marie Louise ma grand’ Tante que je n’ai jamais connue, et dont j’ignorai jusqu’à son existence fut découverte au travers d’un CD élaboré par son fils quelques quarante ans plus tard. Fabuleuse grande tante si jolie, dont Maman conserve une bien étrange ressemblance.
Le destin frappe à nouveau à la porte de ‘L’Aquarelliste’ où la mort lui enlève le 26 Janvier 1930 sa mère âgée de 81 ans. Et quatre jours plus tard c’est le tour de sa femme Marie Alexandrine Roche qui est rappelée à Dieu à l’âge de trente cinq ans laissant Maman orpheline dès sa cinquième année. Elle sera alors élevée par Amélie sa tante paternelle qu'elle désigne sous le vocable ‘Celle qui n’a pas peur d’aller voir le grand Turc’. Laquelle fut secondée par Tantine : Jeanne Roche sa tante du côté maternel .Vous savez ma très chère Tantine que nous allions voir au début des années cinquante à la Capelette. De fait Maman est habituée dès sa tendre jeunesse d’être privée de sa mère. Mais alors pourquoi infliger à son fils ce dont elle a souffert ? L’énigme reste entière, et s’obscurcit quand on songe au prénom qu’elle voulu me donner et que j’ai abordé dans le paragraphe intitulé ‘Le paradoxe de Desiderium’ à l’article n°9.
Le syndrome du Donjuanisme :

‘Louis le Magnifique’ répond-il réellement au profil de Don Juan ? Pourtant c’est la perception qu’il donna à sa sœur que je dénommais ‘Tati’. Si on se réfère à l’interprétation psychiatrique, le ‘Donjuanisme’ relèverait d’une quête compulsive jamais complètement satisfaite. Dans ce contexte Don Juan répète inlassablement sa quête séductrice auprès de la gente féminine. Pour d’autres, le donjuanisme incarne la représentation du désir immédiat. Don Juan s’empare du présent et fait face à la réalité immédiate. Il séduit et il est séduit. Don juan ne trompe pas la femme dans la mesure qu’elle se laisse tromper elle-même. Dans le même ordre d’idée Don Juan se moque de la femme et méprise l’homme. Il est ce personnage qui lance un défi perpétuel à la société, à l’église à Dieu.
Les six Dynasties de Louis Le Magnifique peuvent faire penser, dans une approche superficielle, que ses différents mariages relèvent d’une quête compulsive jamais complètement satisfaite. Mais pourquoi donner alors une telle solennité à ses engagements si cela doit répondre qu’à une simple compulsion ? Derrière cette apparence se cache un drame plus profond :’Celle d’une quête en recherche d’idéal Féminin et d’absolu’. En ce sens ‘Louis Le Magnifique ‘ est tel que ‘Don Quichotte’ dans ses démarches chimériques. Il ne peut qu’être déçu dans son engagement qui exige la réciprocité. Mais le donjuanisme ne répond pas à cette recherche, Don Juan est attiré par l’immédiatibilité des rapports, il y a donc chez lui une certaine superficialité. ‘Louis Le Magnifique’ fut l’inverse. Je nous revois encore, lorsque nous nous retrouvions seuls le Dimanche après midi à dialoguer de longues heures alors que la maison du 12 rue Souveraine était désertée par Nathela. Le donjuanisme de ‘Louis Le Magnifique’ c’était donc comme le ‘Canada Dry’. Vous savez cette fameuse publicité sur cette boisson qui ressemblait étrangement à de l’alcool. D’où pouvait venir ce besoin d’absolu ? Je savais que ‘Tati’ avait été la petite préférée de ses parents ; Marc, en Février 2009, me confia que Papa était régulièrement battu par son père ‘L’Entreprenant’. Ces circonstances ont elles pût engendrer chez lui ce désir d’idéal et d’absolu ? Vraisemblablement plausible.
De mon côté je répétais à mon tour comme ‘Louis Le Magnifique’, mais là encore méfions nous des pseudos ressemblances. Certes je fus influencé par le processus dynastique. Mais la répétition est ici de nature radicalement différente. A l’origine il y a ce rejet primitif de 1946 par lequel ma mère m’abandonne et qui sera plus tard renforcé par l’acte d’émancipation commandité par mon père en Juillet 1965.Pour fuir ces rejets successifs et la solitude qui en découla, ces facteurs contribuèrent à vicier le processus de séduction. Dans la rencontre, ce qui m’attire chez l’autre c’est sa ‘Souffrance affective ‘ pour laquelle j’éprouve une profonde compassion d’une part ; mais surtout le fondement de la démarche trouve sa justification dans la fuite d’une effroyable et insoutenable solitude. La séduction n’est pas spontanée elle est une fuite pour survivre. De fait ces facteurs me firent répéter à mon tour. En apparence le processus est similaire, mais il est d’essence radicalement différente. Alors diriez vous : ‘Tous innocents ou tous coupables’ ?

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