jeudi 11 juin 2009

Epilogue : Flâneries en Terre Papale

En cette matinée du 28 Janvier 2004 nous entrions en Morières les Avignon après avoir parcouru plus de 1400 kilomètres. Morières distante seulement de 100 kilomètres de la cité Phocéenne avait était retenue pour nous permettre d’attendre la remise des clefs de notre appartement que nous avions acquis au Belvédère l’année précédente. Mais le choix déterminant de cette incontournable étape, avait été guidé par la possibilité de revoir plus facilement mes filles dont j’étais séparé depuis 1972. Souvenez vous des conditions dramatiques, décrites au paragraphe ‘Apocalypse Now’ de l’article 33, dans lesquelles je me séparais de leur mère alors que nous habitions le Val D’Argenteuil.
Ce choix s’avéra inutile, Karine me tourna délibérément le dos alors que ‘Rochecotte’, deux ans auparavant lors du remariage de mon frère, avait permis de sceller les retrouvailles. Myriam adopta la même attitude, malgré nos invitations renouvelées à plusieurs reprises. Elle consentie toutefois d’accepter une fois de se rendre dans notre petit studio que nous avions pût louer dans des circonstances particulières. En effet c’est un ingénieur d’EDF qui se trouvait affecté au démantèlement de la centrale de Brennelis dans les Monts D’Arrée qui nous loua le studio. Un premier rendez vous avez été fixé à Morlaix et c’est à l’aéroport de Guipavas que je signais, la veille de Noël, notre contrat de bail.
Dans cette distanciation, je cru déceler la crainte qu'elles decouvrent un autre aspect des évènements que Mireille avait pût leur rapporter. Il fallait donc à tous prix que la distance soit maintenue. Dès lors ce choix de Morières devenait une contrainte pour assurer un meilleur suivi de l’état d’avancement de la résidence du Belvédère qui avait pris un trimestre de retard. Cette attitude incompréhensible m’affecta profondément, mais la providence voulue que dans cette nouvelle épreuve un évènement majeur vienne apporter une grande joie qui était inattendue et inespérée. L'outrage fut, de fait, relativisé.

Ilan :
C’est mon deuxième petit fils que la providence a bien voulu m’apporter le 7 Mars 2004. Son père ‘Le Centurion Del Djem’ m’adressait dans les jours qui suivirent une carte me relatant cet évènement qui fut l’un des plus extraordinaires de ma vie :

De la poussière d’étoiles vient à nouveau de naître un petit bonhomme…….A l’aube du printemps nous accueillons :
ILAN , qui signifie ARBRE !
Né sous les hospices des POISSONS lors de l’année du SINGE, nous lui souhaitons autant de sagesse, de malice, et de force !
Et la bienvenue sur cette [encore]belle planète……..
Il fait désormais parti de ceux à qui appartient ce monde………………………………’

Ainsi Ilan comme son grand père est né le septième jour du mois et tous deux ont cette malice du Singe que leur reconnait l’Astrologie chinoise. Comme ‘Louis Le Magnifique alias Abdelaziz ‘ il relève des poissons dans notre zodiaque occidental. Ce sont ces similitudes étranges qui me permettent alors de dire : ‘Ilan tu seras le Réparateur…..

Ballades en Camargue:

Nous avions plus de cinq mois à vivre à Morières les Avignon, commune dortoir située aux portes de la cité Papale. De fait, je mis ce temps à profit pour faire découvrir à Anne ce pays de cocagne qu’elle ne connaissait pratiquement pas ; hormis Les Saintes Marie de La Mer et quelques boutiques d’Aix en Provence.
Nîmes fut l’une de ces ballades, là où un certain Muad’dib y avait poursuivi le deuxième cycle de ses études secondaires au Lycée Alphonse Daudet durant les années 1963 à 1966. Illustre lycée où le célèbre romancier y rédigea parait-il ‘Les Lettres de Mont Moulin’ ou à tout le moins y usa ses fonds de culotte. Lycée qui fut dirigé durant de nombreuses années par Monsieur Guilles, ce monsieur qui était venu me chercher en Juin 1956 lors de mon concours d’entrée en sixième alors qu’il était à l’époque le Proviseur du Lycée Dominique Vilars de Gap. ’Louis le Magnifique’ l’avait connu au début de sa carrière en tant que médecin des lycées. Cela était étrange de revenir en ces lieux où j’étais venu trainer mes guêtres quarante cinq ans plutôt. ‘Nîmeus’ comme le prononçait mon père en riant. Il faisait par là référence au ‘Limès’ cette frontière du temps de Mare Nostrum : celle de ‘L’Empire’.
Il y eut aussi ce passage obligé au Grau du Roi, là où nous venions parfois quelques jours en septembre, vers la fin des années fifties, avec Nathela et Catherine pour que ‘Louis Le Magnifique s’adonne à son plaisir favori : la pêche à la dorade au bout du Môle prolongeant le fameux canal. J’expliquais à Anne que nous restions durant de nombreuses heures dans une nuée de moustiques nous dévorant la peau sans que jamais dame dorade vint ‘piter’ à l’hameçon. Quelle patience fallait-il avoir pour résister à l’invasion. Mais depuis près de trente ans les marécages ont été asséchés pour y construire des stations balnéaires comme La Grande Motte à l’urbanisme impersonnel.
Près de cinquante ans s’étaient écoulés depuis ma dernière venue, Aigues Morte que nous longions autrefois au pied de ses remparts, là où Saint louis s’embarqua au XIIIème siècle pour les croisades, était devenue une cité animée. Une sorte d’usine à touristes, le cachet d’antan s’était évaporé dans l’industrie hôtelière réservée aux hordes européennes s’abreuvant de vulgaire. Pourtant c’était des moments de bonheur à retrouver ces paysages que j’avais cru à jamais perdus lors de mon exil en terre bretonne, là bas à Pen Ar Bed.

Les Musts de la Provence:


De Morières, nous n’étions qu’à une petite vingtaine de kilomètres d’Isle sur Sorgue. On prit ainsi l’habitude de nous y rendre régulièrement le dimanche matin qui était jour de marché. Anne qui était amateur de beaux objets fut rassasiée par les quelques trois cents brocanteurs se répartissant au sein des six villages d’antiquaires de la petite cité du Comtat Venaissin. Nous passions aussi de longues heures à regarder les étales des marchands le long des deux bras de la sorgue qui enlacent les quartiers de la ville. De nombreux canaux avaient été creusés dans les siècles passés sur lesquels subsistaient encore des roues à aubes permettant de faire fonctionner des fabriques à soie lesquelles subsistèrent jusqu’à la fin du dix neuvième siècle. Cet ensemble de canaux reliant les deux bras de la Sorgue justifiait pleinement de qualifier la ville de ‘Venise Provençale’.
Notre halte en terre papale s’acheva par une visite aux Baux de Provence où j’étais venu avec ‘Tati’ et ‘Louis le Magnifique’ alors que j’avais à peine quatre ans. J’avais ce vague souvenir d’une formidable forteresse qui dominait la petite cité médiévale. Laquelle est perchée sur un éperon rocheux se dressant à deux cents mètres d’altitude sur la campagne environnante. Rien n’avait vraiment changé depuis plus de cinquante cinq ans. Les images marquées au fin fond de mes souvenirs étaient restés intactes. Ce jour là nous étions accompagnés par ses filles qui étaient venues de Paris où toutes deux poursuivaient encore leurs études universitaires. Julie sa cadette, et Pauline la petite dernière découvirent la beauté de ces paysages dans un décor grandiose qui dût leur laisser un inoubliable souvenir de la Provence, le pays de Daudet et de Frédéric Mistral le fondateur du Félibrige.

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