dimanche 7 juin 2009

Pen Ar Bed : Regain





'Voici Anne dans le courant de l'été 2004 installée à la terrasse d'un restaurant de la place Estienne D'Orves à Marseille '




En ce début Juin 2001, plus de deux mois s’étaient écoulés depuis mon retour à L’Hôtel Center. L’ennui s’était instauré et c’est sans grande conviction que j’essayais une nouvelle fois de faire appel au Pub Hebdo pour tenter de rencontrer quelqu’un avec qui je pourrai faire un certain chemin. La plupart des réponses qui me furent faîtes ne présentaient pas un grand intérêt. Une réponse attira cependant mon attention. Manifestement la personne était une néophyte dans ce type de démarche ; en effet elle avait envoyé au journal le texte de l’annonce à laquelle elle souhaitait répondre. C’est cette naïveté qui fit que je cherchais à établir le contact pour convenir d’une éventuelle rencontre.
Ainsi dans les premiers jours de juin, je devais me rendre devant Géant Casino pour faire connaissance. Le choix du lieu était surprenant, en effet il était excentré par rapport au centre ville. Fréquemment les rendez vous se fixaient dans un bar de la rue de Siam ou à proximité de la poste. Ce n’était guère plus original, mais j’en avais déduit que cela relevait d’un usage local pour ce type de rencontre.
La grande surface était un lieu très fréquenté et j’appréhendais un peu de ne pouvoir établir un contact sur cet immense parking, d’autant que je ne possédais guère d’éléments pour nous identifier discrètement. Je savais seulement que la personne avait une tresse. Malgré tout le contact fut facilement établi, et c’est ainsi qu’elle me proposa que l’on se rende au bar Marie Stuart dénommé aussi bar de L’Epée qui se trouve au 11 de la rue de Siam. On resta un long moment dans cette brasserie un peu vieillotte à échanger. A vrai dire Anne ne s’exprimait guère et me laissa souvent parler. Dans les jours qui suivirent, elle déposa à mon hôtel un petit mot me faisant part de son émotion. C’est ainsi qu’elle me proposa de se revoir à son domicile de la rue Jean Jaurès, cette grande artère que j’avais dus emprunter en Mai 1986 pour me rendre au centre d’affaires de Coat Ar Guéven pour être auditionné par celui qui allait devenir mon futur employeur dès le mois suivant.
Elle était agent immobilier dans une petite agence de la rue Jean Jaurès qui se trouvait non loin de la place de Strasbourg. A cette époque le marché n’était pas porteur et manifestement Anne un peu naïve se faisait prendre des marchés par une collègue de travail qu’elle me présenta lors d’un vernissage qui se déroulait au Faou situé à une vingtaine de kilomètres de Brest en direction de Quimper. Effectivement la personne me paraissait vulgaire et semblait mener Anne par le bout du nez.
Début Juillet arriva et je devais me rendre à Montfrin petite commune du Gard où Myriam résidait avec son ami Vincent et leur fils Vivien. Je dus laisser Anne seule pendant une dizaine de jours. Anne m’appelait assez souvent en soirée et j’avais les plus grandes peines à l’entendre. Nous étions au début de l’ère du portable et certaines zones restaient encore mal couvertes, ce qui était le cas pour cette charmante commune perdue dans la garrigue languedocienne.
Dès mon retour les choses se précipitèrent, c’est ainsi que je quittais l’hôtel Center pour vivre chez elle, alors que peu de temps auparavant j’avais acquis un appartement du côté de la place de Strasbourg. De fait, je n’ai jamais occupé cet appartement que je pus louer ultérieurement. La peur d’affronter la solitude l’avait une fois de plus emportée. Il en fut de même pour Anne qui appréhendait également de se retrouver seule dans ce grand appartement où elle avait pensé pouvoir y accueillir sa fille Pauline la petite dernière. Mais celle-ci avait préféré suivre son père à Paris qui lui avait fait miroiter l’avantage de passer son baccalauréat dans la capitale afin de mieux se préparer aux études supérieures qu'elle envisageait.

Du côté de Kusadasi:


Lors de l’attentat du 11 Septembre 2001 nous étions en Turquie ; ce jour là nous étions allés visiter Kusadasi qui se trouve à 85 kilomètres de l’antique Smyrne. La célèbre cité hellénistique d’Homère et d’Edouard Balladur ancien premier ministre d’opposition de François Mitterrand, plus connue sous le nom d’Izmir. Nous avions décidé en ce début d’automne de prendre un peu de vacances avant d’affronter les affres des longs hivers bretons :’Nacht und Nebel ‘ comme il me plaisait de le dire en plaisantant. Alors que nous nous trouvions à flâner dans les rues commerçantes de la ville, subitement les rues se vidèrent de la plupart des touristes qui s’y trouvaient. Que se passait-il donc ? Alors que nous marchandions chez un boutiquier une pipe en écume, ce dernier nous expliqua qu’un terrible attentat venait de se produire au World Trade Center de Manhattan. Selon les sources américaines, il s’agissait d’un attentat commandité par Oumassa Ben Laden le chef du groupe terroriste d’Al Qaida. Subitement nous sentions un risque diffus planer sur nous. Le magnifique bateau de croisière américain qui se trouvait à quai avait disparu, la ville à cette heure de l’après midi était devenue quasiment déserte. Il nous restait encore quelques jours avant de quitter ce pays aux racines gréco-romaines que les turcs essayaient difficilement d’occulter en mettant en avant des sites comme Pamukkale qui jouxte l’antique Hiérapolis fondée par Pergame. Cette cité thermale dédiée à Apollon et Pluton. Ces fabuleux Dieux de L’Olympe, fondement de notre civilisation. Ainsi je photographiais Anne devant l’Arc de Triomphe : ‘La Porte de Domitien’, alors que penser lorsque nos politiques affirment que la Turquie n’appartient pas à notre mouvance culturelle. Phocée n’était pas loin de là, vous savez ces célèbres navigateurs qui fondèrent Massalia la cité Phocéenne dont je suis l’un de ses fils après plus de vingt six siècles d’histoire.


Retour vers le Futur Antérieur:

Je n’avais jamais caché à Anne mon souhait de retourner dans le midi de la France lorsque l’heure de la retraite aurait sonnée. C’est dans cette perspective qu’en Mars 2003, elle me proposa de nous rendre à Marseille pour y visiter les programmes immobiliers. L’un d’entre eux retient notre attention. Il s’agissait d’un programme conçu par Kaufman et Broad qui se trouvait à l’emplacement d’un ancien karting situé au sommet de la colline saint Joseph. La future résidence du 'Belvédère' tournait le dos à l’immense 'Rouvière' édifiée dans les années 1962 pour y accueillir les ‘Pieds Noirs’ venant d’Algérie. C’est sur l’emplacement de notre futur immeuble que je prenais Anne en photo .De cet endroit de la colline, jouxtant la chapelle Saint Joseph, on apercevait la rade Phocéenne allant du phare Planier jusqu’aux confins de l’Estaque. La vue était magnifique, en contre bas s’étendait une vaste pinède transformée par la ville en Jardin public. Le cadre était agréable, mais sur l’instant je ne réalisais pas que l’endroit était fortement exposé aux vents, mais également éloigné du centre ville. Manifestement le lieu était très agréable pour un couple ayant des enfants et se trouvant encore en activité. Anne souhaitait que nous prenions une option sur le dernier appartement qui restait à la vente. Il se situait au troisième et avant dernier étage de l’immeuble qui était le plus éloigné dans le parc où allait se dresser la future résidence. Ainsi le sort en fut jeté Le Belvédère allait constituer notre lieu de vie dans le courant du deuxième semestre de l’année suivante, date présumée d’achèvement des travaux.


Shizen Kekkon:

En Shinto, ‘Shizen Kekkon’ signifie littéralement : Mariage devant Dieu. Bien que ce ne fusse pas le cas, c’était l’idée qui prévalait dans l’alliance conclue le 24 Janvier 2004 à l’hôtel de ville à Brest. Décidemment je restais profondément attaché aux vieilles traditions, comme l’avait été de son temps ‘Louis Le Magnifique’. Aujourd’hui encore, Je reste vivement opposé aux unions libres ou aux formes nouvelles adoptées par le législateur : ‘Le PACS’.
Le mariage devait rester la marque d’un engagement solennel devant les hommes et par un acte religieux si l’esprit œcuménique le permettait. Mais là encore je restais septique en référence de ce que j’avais pus constater lors de mon remariage avec la mère du ‘Centurion Del Djem’ quelque trente années plutôt. Je reste cet anti clérical convaincu mais profondément croyant et attaché aux valeurs traditionnelles :

Je n’appartiens pas au clan de ceux qui avec Gide affirment ‘Famille je vous hais’.Pour ma part je resterai jusqu’à l’aube du matin suprême celui qui pense avec une forte conviction que la famille est cette cellule primaire indispensable contribuant au développement harmonieux de l’enfant. Je fus trop privé de cela pour renoncer à cette évidence déniée par les existentialistes. Vous savez ces pseudos philosophes qui n’hésitèrent pas un instant à cracher dans la soupe.’

Quelques jours plus tard, Anne et moi franchissions le pont de l’Elorn pour rejoindre la lointaine PACA . La longue quête de Pen AR Bed venait, après dix huit années interminables, de s’achever. Sans le savoir j’avais alors rendez vous avec mon destin.

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