Le Bas Empire:.... La Dynastie Malcorienne

Première Dynastie du Bas Empire 1971- 1977

C'est dans la vallée de la Durance en amont de Tallard et de Châteauvieux que se situe Malcors. C'est en ce lieudit isolé en bordure de la route qui mène à Remollon, que se constitua la première dynastie du Bas Empire. Ses origines remontent à quelques mois après le décès de ma grand mère intervenu en Octobre 1970. Ainsi 'Louis Le Magnifique' décida de se remarier avec une certaine Danièle A......dont le père avait été ingénieur des Ponts et chaussées. Chargé de l'entretien des routes du canton de Tallard, il décéda dans des conditions dramatiques au début des années soixante. Je l'avais connu, alors que je me trouvais à faire du stop dans la vallée de la Luye pour rejoindre Tallard un matin d'hiver de la fin des années fifties. J'ignore encore aujourd'hui, à quelle date fut célébré ce mariage et où il se déroula. J'avais quitté la provence en février 1971 pour aller travailler à Paris, de fait je suivais que de loin en loin les vicissitudes que pouvait rencontrer 'Louis Le Magnifique'. Moi même, je débutais une période difficile de ma vie constituée par 'L'odyssée'. Ainsi je ne fis réellement connaissance de la 'Dynastie Malcorienne' qu'en Mai 1972 lorsque je revins à Tallard à l'occasion du pont de L'ascension. Depuis juin 1969 qui marqua le glas de la dynastie Georgienne je n'étais plus revenu au pays de Tallard. A cette occasion, j'étais accompagné par une certaine Danièle C.....qui devint ultérieurement ma deuxième femme. Mon père depuis son remariage avait délaissé la rue Souveraine pour aller habiter à Malcors où sa nouvelle femme habitait avec sa mère 'Paulette' et ses deux filles Marie Pierre et Edith issues, toutes deux, d'un premier mariage. Durant ces quelques jours passés dans les Alpes, 'Louis Le Magnifique' m'avait cédé son ancienne chambre qui avait servi en 1957 d'aire de stokage des meubles de 'La dynastie de L'Obscur' lorsque Nathela avait quitté la Saulce pour habiter à Tallard. Cette pièce qui hébergea en 1951 un certain 'Datouna' son ex beau frère! Décidément cette chambre était vouée à des réceptions particulières. Malcors était devenu le nouveau point de ralliement, mais le temps de la grande fratrie était révolu. Marie Pierre et Edith étaient beaucoup trop jeunes, pour recréer ce qui avait existé quinze ans plus tôt. La répétition changeait subitement de nature pour atteindre le seuil des transgressions portant atteinte aux constellations familiales. Aline, ma dernière soeur, issue de 'La Dynastie Malcorienne' était déjà née . Elle devenait par là même la tante de mes filles Karine et Myriam qui étaient plus âgées qu'elle. De fait l'ordre naturel était subitement renversé, mais sur l'instant bien que la situation était inédite, je ne prêtais pas un attention particulière à l'évènement.

Allons Mignonne voir si la Rose....:

Le printemps 1974 fut riche en évènements pour cette première Dynastie du Bas Empire. Dès Mars, ils furent conviés à Juvisy pour assister à mon remariage avec Danièle C..... Conformément au processus de la répétition il fut célébré religieusement, puisque le premier s'était réduit à une simple procédure civile, en raison de l'athéisme dont avait preuve Mireille la mère de mes deux filles. Mon frère avait également assité à ce remariage et il était accompagné par son amie : une certaine Anne Marie qui ne tarda pas à devenir sa première femme. Ainsi en Mai j'étais convié à venir à Malcors pour assister à son mariage. Quelle ne fut pas ma surprise d'y rencontrer sa mère qui habitait déjà à Nantes. Ainsi les deuxième et quatrième dynasties de 'Louis Le Magnifique' assistèrent à ce mariage quelque peu insolite quant aux invités qui y participèrent. Je revois encore 'La Dynastie de L'Obscur ' se tenant à côté de mon père en train de sabler le champagne dans le verger qui se trouvait à proximité de la demeure 'Malcorienne'. Une sorte d'entente cordiale de circonstance s'était instaurée à cette occasion. Mais personne ne trouva à redire, c'était dans la logique du processus dynastique auquel tout le monde avait fini par s'accoutumer.

La Fuite à Mèze.....:

J'appris deux ans plus tard que 'Louis Le Magnifique' avait décidé brusquement de vendre son cabinet médical de Tallard, pour venir s'installer à Mèze qui est la ville natale d'Odile Bourdiol alias 'Mémé' ma grand mère paternelle. Je fus surpris que mon père veuille quitter ce pays dans lequel il exerçait sa médecine praticienne depuis plus de trente ans. Que se passait-t-il donc? Alors que l'été 1976 approchait, Daniele et moi avions convenu de nous rendre du côté de Valence en Espagne pour y passer notre mois de congés. C'est ainsi qu'il fut décidé de faire une halte à Mèze pour prendre de ses nouvelle et faire connaissance de mon cousin Yannick dont 'Mémé' m'avait tant parlé du temps de la rue Thiers. En faisant une étape dans cette terre languedocienne, je ne savais pas encore que des évènements imprévus allaient nous imposer à y passer nos vacances. En effet lorsque on repris la route pour l'espagne, arrivés à Valencia, on dû faire demi tour car la location qui nous avait été proposée ne correspondait en rien au descriptif. Le surlendemain on se retrouvait à nouveau au pays natal de 'Mémé'. C'est Christiane S...... la mère de mon cousin Yannick qui nous prêta gracieusement un appartement qu'elle avait à Loupian. Elle y avait stocké les meubles de mon père qu'il avait ramené de Tallard. Ces vacances inattendues au bord de l'étang de Thau, me permirent de connaître ce pays de cocagne qui connut son apogée au dix-neuvième siècle avec la culture de la vigne et du développement de la tonnellerie. Mèze dû pourtant réorienter son activité vers l'ostréiculture dès 1876 avec l'épidemie du phylloxera qui détruisit une grande partie des vignes. Ainsi 'Louis Le Magnifique' dans sa fuite cherchait inconsciemment à se rapprocher du pays natal de sa mère. Il cherchait surtout, à mon sens, décourager 'La Dynastie Malcorienne' de le suivre ici car cette dernière était trop attachée à ses racines alpines. C'était là les signes anonciateurs d'un fin dynastique imminente.

Loupian:

C'est un petit village situé à flanc de coteau juste au dessus de Mèze bordé au Nord par l'autoroute A9. C'est dans cette petite commune retirée des grands flux circulatoires, à deux kilomètres de Mèze, que mon père loua une petite maison au caractère typiquement catalan. Ainsi en moins de dix minutes, il pouvait rejoindre son cabinet médical qu'il avait ouvert au 23 Rue de La République. A cette hauteur la rue est bordée par une place ceinturée par des platanes et où s'élève en son centre une fontaine. L'endroit était calme et reposant, cela changeait du décor austère de la rue Souveraine. Bien que 'Louis Le Magnifique' apporta un soin particulier à rendre son cabinet médical attractif, sa clientèle n'atteignait pas le quart de celle qu'il avait constituée à Tallard. Cette situation préoccupante ne fit qu'amplifier sa maladie qui s'était déclarée à la fin des années sixties. Souvent dans l'après midi alors qu'il faisait la sieste à Loupian je venais lui tenir compagnie, manifestement sa maniaco dépressive revenait en force. Malgré mes tentatives pour le rassurer, celles-ci s'avéraient vaines et inutiles. Ainsi j'assistais, en cet été 1976, à une sorte de délire qui l'anéantissait . Lors d'une venue de 'La Dynastie Malcorienne' à Loupian, je fus le témoin de scènes extrêmement pénibles à supporter en raison des niveaux de violence atteints. Parfois, vers dix sept heures, il me demandait que nous l'accompagnions à son cabinet médical. Il avait voulu se doter d'une radioscopie, lui qui pendant près de quinze ans avait pratiqué la radiographie. Cet appareil malgré sa performance paraissait dérisoire, dans son esprit il pensait que les patients viendraient plus facilement le voir. C'était ignorer les comportements de sa clientèle qui préférait se rendre au centre de radiologie à sète les jours de marché. De fait cet investissement onéreux s'avéra être un échec complet. Sans s'en rendre compte 'Louis Le Magnifique' passait d'une médecine praticienne à une médecine urbaine où les spécialités abondent largement modifiant de facto les réactions de consommation médicales. L'ère de la gabegie, avec la croissance à deux chiffres, était à son apogée. Lui qui avait pratiqué la médecine praticienne durant toute sa carrière était relégué au rôle d'un simple ordonnateur d'actes médicaux.

L'Autane:

C'est ce voilier qu'il avait fait construire aux chantiers Vangaert à Saint Mandrier en 1963, baptisé 'Le Nathela'. Il avait donc fallu qu'il le fasse rapatrier à Mèze pour venir mouiller dans les eaux paisibles de la lagune languedocienne. En raison des circonstances la corvette fut rebaptisée 'L'Authane'. C'est un vent du nord qui soufflait sur Gap en provenance du col Bayard m'avait il dit. Pour faire complet, il avait sollicité sa cousine germaine Christiane afin de pouvoir installer sur la toiture de sa maison située dans la rue du Port de Mèze une antenne radio afin que l'on puisse l'appeler lorsqu'il serait en mer. Ainsi il pourrait, disait il, se rendre en urgence auprès d'un de ses patients. Pauvre Papa, 'L'Authane' ne quitta jamais le port de Mèze. Trente deux ans plus tard Marc se dota d'un voilier baptisé Hamani. Mais pour en savoir plus d'un simple clic venez à bord:

http://marc-hanami.blogspot.com/

Ainsi en cette fin d'été 1976, j'assistais en spectateur impuissant à un nouveau nauvrage de 'Louis Le Magnifique'. Pendant l'année qui s'en suivi je n'eu plus de ses nouvelles. J'appris incidemment qu'il avait cessé son activité médicale sur Mèze, pour aller exercer la fonction de médecin de bord sur L'Agadir. Ce bateau qui faissait la navette Sète-Tanger-Sète appartenait à 'La Comanav Ferry' une compagnie de navigation marocaine. Dans les mois qui suivirent la procédure en divorce fut engagée à l'encontre de 'La Dynastie Malcorienne' qui fut suivie de peu par le décès de 'Tati ' en Mars 1977.