lundi 24 novembre 2008

La Dynastie Geogienne: Post Scriptum




Une vue du lac de Serre Ponçon à Savine qui atteint sa côte maximale, après la fonte des neiges début juin, en venant effleurer le parapet du pont. L'ouvrage atteint à cet endroit près d'un kilomètre de longueur pour rejoindre le village de Savine. Nous l'empruntions chaque dimanche durant la période hivernale pour aller skier à Montgenèvre. Nous traversions le nouveau village qui avait dû être entièrement reconstruit une centaine de mètres plus haut. L'Église moderne fut conçue par Atchico l'ex mari de Nathela cet architecte de talent qui contribua également au développement urbain de la ville de Gap.


Montgenèvre :


C'était notre station de ski préférée que nous fréquentions durant les années sixties. A plusieurs reprises on voulu se rendre dans d'autres stations comme Serre Chevalier, Vars ou Praloup. Mais nous finissions toujours par y retourner car il y avait toujours un enneigement exceptionnel, ce qui n'était pas le cas pour les autres stations. En 1998, alors que je n'avais plus revu Nathela depuis une trentaine d'années, le hasard voulu que je puisse me rendre à Chatou en région parisienne pour assister à son quatrevingtième anniversaire. A l'époque je travaillais encore en Bretagne à Plabennec une commune de 6000 habitants implantée au Nord ouest de Brest. Je revoyais ainsi 'Déda' , Ellico, Irène et Catherine. C'est Irène sa fille cadette qui avait pu me contacter afin que je puisse participer à cet évènement. Comment fit elle pour parvenir à me joindre, je l'ignore encore aujourd'hui. Mais ce n'est pas par une requête sur Google. A cette époque récente l'Internet haut débit n'existait pas encore. Déda me confia, à cette occasion, qu'elle retournait chaque année à Montgenèvre. Nous passions là bas des moments de 'glisse' qui furent des instants de bonheur inoubliables. Ainsi Nathela se souvenait de cette station où nous nous rendions chaque dimanche durant l'hiver jusqu'à mi avril. C'était en quelque sorte un pèlerinage en hommage d'une époque qui s'acheva dans le chaos mettant ainsi un terme à la dernière dynastie du haut empire. L'année 1965 marqua la dernière saison où je me rendis à Montgenèvre pour y skier. En ces années sixties je pratiquais cette activité de glisse trois fois par semaine. Une première sortie s'effectuait l'après midi du plein air comme cela se dénommait à l'époque. Une deuxième s'effectuait le Jeudi après midi qui était la journée de repos scolaire. Cette activité de glisse se déroulait la plupart du temps à la petite station de Ceüse, parfois à Ancelle. C'est dans cette petit station du sud des alpes que j'appris à skier en 1959 avec mes professeurs de gymnastique. Ceüse, était cette montagne que j'apercevais de ma chambre à Tallard. Ceüse dont j'emploie l'image lorsque je fais parfois de la relaxation. Mais la petite station du sud des Alpes a dû cesser son activité en 2005 en raison du réchauffement climatique. Enfin il y avait ces Dimanches où nous quittions Tallard pour nous rendre à Montgenèvre. Nous avions plus d'une heure et demi de route pour nous y rendre. Mais la chaussée était dégagée jusqu'à L'Argentière La Bessée. Il restait encore une trentaine de kilomètres à parcourir sur une route enneigée ou verglacée. Après avoir traversé Briançon nous abordions le col du Montgenèvre pour atteindre la station souvent vers treize heures. En effet nous quittions Tallard rarement avant dix ou onze heures car il y avait toujours un patient qui se rendait au cabinet médical en urgence. Ainsi, nous n'avions que quelques heures pour skier. Souvent j'étais le dernier à me retrouver sur la piste avec les montagnards à l'arrêt des remontes pentes. A cette altitude le soleil disparaissait derrière les cimes dès dix sept heures. Nous allions prendre un thé pour nous réchauffer avant de reprendre la route. Souvent la nuit était déjà tombée lorsque nous quittions la station pour arriver à Tallard vers neuf heures du soir. Ces journées au rythme épuisant nous laissèrent pourtant des souvenirs heureux qui furent partagés entre 'Louis Le Magnifique', Nathela et moi même, Catherine préférait souvent se rendre chez son père à Gap. Cet aveu de Nathela, alors que trente années s'étaient écoulées me toucha profondément, il évoquait un regret d'une histoire fabuleuse qui sombra dans le chaos et le néant. Montgenèvre c'est aussi le souvenir de ces séjours passés avec mon frère durant les vacances de Noël ou de Pâques. Une auberge de jeunesse avait été amménagée sous la première station du Chalvet ce télésiège qui nous menait aux cimes se situant à l'adret de la station. Ainsi le soir à l'arrêt du télésiège nous nous retrouvions isolés au milieu des pistes désertes. Je me souviens encore d'une soirée où nous avions demandé au cuisinier chargé de confectionner nos repas de nous préparer une fondue savoyarde qui laissa des souvenirs mémorables. Montgenèvre fut aussi le théâtre de cet accident stupide dont fut victime 'Louis Le Magnifique'. Ce dimanche là le ciel était bas, la neige se faisait menaçante. Alors que j'ouvrais notre dernière descente, le brouillard se mit de la partie. Malgré nos lunettes il devenait difficile de cerner tous les accidents de la piste, Il fallait faire vite pour rejoindre la station. C'est dans ces conditions qu'une faute de carres le fit tomber. Dans sa chute il se fractura le péroné et je du descendre schuss pour atteindre le départ du remonte pente afin de solliciter du secours. C'est allongé dans un traîneau que 'Louis Le Magnifique ' rejoignit ce jour là la voiture. Cette vilaine fracture lui valu de rester allongé plus d'un mois dans cette petite chambre située à côté du salon qui s'appelait 'Le Boudoir' du temps de la Dynastie de L'obscur.
Appels de Nuit:


De 1947 à 1976 'Louis Le Magnifique' exerça la médecine praticienne 'Au pays de Tallard' situé sur la route Napoléon à 180 kilomètres de la cité Phocéenne. Une grande partie de son temps fut ainsi passé à parcourir les routes de nuit pour se rendre au chevet de ses patients. Les communes de Fouillouse, Neffes, Sigoyer, Pelleautier toutes dominées par Ceüse constituaient le premier circuit de ses visites. En aval de la Durance se trouvaient Curbans, Lardier et La Saulce ce village fondateur de la troisième dynastie où se trouvait également Le Rio Vert, cette maison de convalescence des personnels de police dont il était le Directeur médical. En remontant la vallée de la Durance il se rendait également à Jarjayes,Valserre, Remollon, Breziers, Turriers jusqu'à Espinasses où se trouvaient les cités acceuillant les ouvriers qui construisirent le barrage de Serre Ponçon. D'autres zones plus reculées et implantées à l'ubac de la vallée étaient, à cette époque, difficiles d'accès aux périodes hivernales. C'était le cas de Piegut et d'Urtis notamment. Des millions de kilomètres furent parcourus sous un ciel illuminé d'une infinité d'étoiles donnant une sensation grandiose , seuls les phares de 'Louis Le Magnifique' éclairaient ce spectacle. Lors de la nuit de Noël 1960, le téléphone se fit entendre alors que Minuit avait été dépassé depuis un long moment. Marc et moi même furent réquisitionnés pour nous rendre en urgence à Urtis. La route à cette époque était enneigée sur plus de vingt kilomètres. On quitta Tallard vers une heure du matin, le thermomètre était descendu largement en dessous de zéro. Après avoir franchi le pont de la Durance, on dû mettre les chaînes sur les quatre roues de la Gordini si nous voulions arriver à destination sans risquer de faire un tête à queue avec cette voiture à propulsion. Ainsi équipé, on aborda les premiers lacets de cette route de montagne. C'était une nuit de pleine lune et l'on y voyait presque comme en plein jour. Mon père avait placé Marc à l'avant , et moi à l'arrière. A chaque virage, je devais me déplacer sur la banquette du côté opposé au précipice. L'objectif était de modifier, à chaque virage, le point du centre de gravité du véhicule pour éviter que nous basculions dans le vide. C'était impressionnant, dans chaque ligne droite nous étions entouré par des murs de neige qui pouvaient par endroit dépasser deux mètres de hauteur. Vers deux heures du matin on entra saint et sauf dans Urtis. 'Louis Le Magnifique' nous fit entrer avec lui dans la ferme où se trouvait le malade. On prit place, sur une banquette rudimentaire derrière une grande table en bois. Le lieu était constitué par une vaste pièce qui disposait en son centre d'un vieux poêle en fonte. L'arrière de la pièce était surélevé d'une marche où était placé le lit du patient. Une ampoule accrochée à un fil électrique diffusait une lueur macabre. L'homme était grippé depuis une quinzaine de jours, en cette veillée de Noël il avait fini par appeler le médecin pour qu'on s'occupe un peu de lui. Cet appel tardif lui coûta près de six cent francs, le coût annoncé était colossal pour l'époque. Cela recouvrait le coût d'une consultation majorée d'un appel de nuit auquel se rajoutait la tarification spéciale des jours fériés. En outre les honoraires incluaient l'indemnisation kilométrique ainsi que les médicaments qu'il avait prescrit en tant que pro pharmacien. Ce qui fut le plus surprenant, c'est que le vieil homme retira du dessous de son lit une boite métallique gorgée de billets de cent francs. Il remis ainsi la somme demandée, considérant somme toute, que le prix était moins onéreux que de faire venir le vétérinaire pour vêler une vache une nuit de réveillon. Cette quinzaine de villages furent visités des milliers de fois par 'Louis Le Magnifique'. Sa vie fut un sacerdoce qu'il mit au service de ses patients qui conservent encore aujourd'hui un souvenir inoubliable. A mon tour je ne puis m'empêcher de repasser une nouvelle fois le film de ces paysages dans mes pensées en évoquant Nougaro, la gorge serrée, et en chantonnant 'Oh Fouillouse!'.

Radiographies:
J'habitais encore Marseille, lorsque en 1952 ou 1953 'Louis Le Magnifique' voulu se lancer dans la radiographie. C'était un véritable 'Challenge' qu'il fallait gagner pour sortir du marasme dû à sa clientèle paysanne qui préférait recourir au vétérinaire lorsqu'une bête était malade plutôt que de faire appel au 'Toubib' pour se faire soigner. L'investissement à effectuer était important, il fallait de ce fait recourir à l'emprunt pour réaliser le projet. Les banques ne furent guère convaincu de sa rentabilité. Par ironie du sort ce fut pourtant un agriculteur, un certain 'Dusserre' qui habitait également la rue souveraine qui lui accorda sa confiance. 'Moi je vous prête l'argent dont vous avez besoin Docteur' lui répondit ce brave homme. Ainsi grâce 'au petit père Dussserre', 'Louis Le Magnifique' fit fructifier au delà de toute espérance ce qu'il appela 'sa poule aux oeufs d'or'. Le retour sur investissement fut réellement atteint qu'au démarrage de la construction du barrage qui débuta quelques années plus tard. De fait la décision d'investissement dès 1952 présentait un risque réel sans le projet de Serre Ponçon dont la réalisation n'était pas encore acquise à cette date. En tant que responsable de la médecine du travail d'EDF pour la construction du barrage mon père fut appelé à multiplier les radiographies lors des visites médicales d'embauche. C'était l'époque où le développement automatique n'existait pas; la procédure était longue et prenait beaucoup de temps. Les retards s'accumulaient, souvent il ne procédait au développement des clichés que dans l'urgence lorsque le patient revenait le consulter au cabinet médical. C'est Nathela qui lui permit de faire surface, en tant qu'ingénieur de formation elle pu procéder au développement de ces fameuses radiographies. L'opération se déroulait en trois phases successives: la révélation, la fixation, et le rinçage. Il fallait ensuite procéder à la constitution du dossier radiologique qui consistait à inscrire avec une encre blanche le nom du patient sur chaque cliché et le glisser dans une grande enveloppe. Nathela passa des nuits entières à travailler dans ce laboratoire pour y développer des milliers de radiographies. Parfois je venais lui tenir compagnie, elle m'expliquait alors les différentes étapes du travail. Le développement consistait à tremper le cliché dans un bain acide qui permettait de faire apparaître les nuances grisées et noires de l'organe qui avait été radiographié. Dans la phase de fixation on utilisait un autre bain de nature chimique différente fixant les nuances apparues dans la phase précédente. Le rinçage consistait à faire tremper le film dans un bain d'eau claire pour lui ôter les substances chimiques dont il avait été imprégnés lors des bains précédents. Aujourd'hui tout cela est entièrement automatisé. C'était la période héroïque de la radiologie. Ainsi enfermés dans ce laboratoire favorisant la confidence, nous passions des heures à échanger des idées. C'est à ces occasions notamment qu'elle m'expliqua le théâtre de Pirendello, le réalisateur de 'Sept Personnages en quête d'auteur'. Nous dialoguions dans le coeur de la nuit alors que pendant ce temps là 'Louis Le Magnifique' parcourait ces routes de montagne pour se rendre au chevet de ses patients. Déda qui signifie 'Maman' en georgien fut pour moi cette personne qui m'aida à traverser ce passage crucial de l'adolescence dont je conserve encore aujourd'hui des souvenirs inoubliables. Nous fumions la cigarette:Des Winston pour elle, et moi des Royales......

1 commentaire:

Copernic a dit…

Remenber:
ZIGGY STAR DUST de David Bowie....
C'était au milieu des années seventies: avec i take a cigarette dans Rock n Rool Suicide