jeudi 27 novembre 2008

La Dynastie Georgienne: Sur les chemins du Chaos


La petite chapelle devint une petite île lors de la mise en eau de Serre Ponçon. C'est un lieu où l'on se rendait souvent y faire du camping aux weeks ends à la belle saison. Lors de notre première venue Ellico s'était jointe à nous . A l'aide d'un canoë pneumatique, tels des pirates, on accosta l'îlot à la nuit tombante. Je ne pu m'empêcher de pénétrer au sein de la petite chapelle pour y faire sonner sa petite cloche, c'était une façon de marquer une prise de possession d'un nouveau lieu de ballade qui venait de naître, c'était en 1962 année qui allait bientôt mettre en perspective les prémisses du chaos.
Saint Mandrier:
Les vacances de Juillet 1962 passées aux Maurettes marquèrent un terme de nos grandes expéditions. L'affaire 'Mary' et les disputent qui s'en suivirent clôturèrent ce grand rassemblement de la fratrie que nous avions constituée pendant quelques années. L'ère de la plaisance allait bientôt s'ouvrir pour 'Louis Le Magnifique'. Déjà dans les dernières années de camping, mon père avait acquis un maraudeur, petit voilier, qu'il faisait mouiller dans le port d'Antibes. C'était l'époque où les premières coques en plastique faisaient leur apparition. Jusqu'à cette époque le bois avait régné en maître absolu. Très rapidement 'Louis Le Magnifique' voulu acquérir un voilier plus conséquent pour le substituer définitivement au camping qui avait prévalu jusqu'ici. Ainsi dans le courant du deuxième semestre 1963, alors que je me trouvais en classe terminale, il se porta acquéreur d'une corvette construite par les établissements Vangahert à Saint Mandrier. Cette acquisition marqua le départ d'incessantes navettes entre Tallard et Saint Mandrier lors des weeks ends durant la période estivale. Ce fut aussi le prétexte d'acquisitions inconsidérées pour équiper ce voilier long de sept mètres et doté de quatre couchettes.Il le baptisa 'Nathela', et le dota d'un équipement radio qui permettait de téléphoner dans toute L'Europe disait il avec fierté.Pourquoi une telle portée je lui demandais surpris, lui qui n'avait jamais quitté la mouvance méditerranéenne. Cela me servira quand je partirai en retraite me répondit il laconiquement. C'était une façon d'éliminer la question car l'évolution technologique le rendrait obsolète bien avant l'échéance projetée. Le 'Nathela' n'affronta , à ma connaissance, qu'une seule fois la mer pour se rendre en Corse avec le concours d'un des fils Vangahert qui fut son skipper. La plupart du temps que nous allions à Saint Mandrier nous le passions à quai pour effectuer des installations qui atteignaient des degrés excessifs de 'maniaquerie'. Ce type d'agissements auraient dû nous alerter sur la maladie qui couvait. Mais personne ne pensa qu'ils étaient les signes annonciateurs du chaos qui allait bientôt s'abattre sur nous tous. En juin 1964 alors que je me présentais aux épreuves du baccalauréat, je dus subir un retentissant échec m'obligeant, à redoubler Sciences Expérimentales, différant d'un an mes projets d'études en médecine. Cet échec je le ressentais avec beaucoup d'amertume car mes résultats scolaires avaient été encourageant tout au long de l'année, de surcroît je perdais de vue tous mes camarades de promotion. Pour me redonner courage en moi même courage 'Louis Le Magnifique' me proposa d'aller passer avec Marc nos vacances à bord de la corvette dont le port d'attache était à Saint Mandrier. L'idée était sympathique, mais étant tous deux des néophytes de la plaisance, je reçu l'ordre de ne pas sortir en mer avec le 'Nathela'. La directive me paraissait justifiée d'autant que nous n'avions aucune expérience pour manoeuvrer le bateau. Pourtant Marc me fit comprendre rapidement qu'il percevait les choses sous un angle radicalement différent. De fait et face à mon obstination à respecter les instructions reçues, il se plongea dans un mutisme complet. Toutes mes tentatives pour briser son silence furent vaines. Il passait ainsi des journées entières à confectionner des 'bouts' pour doter le 'Nathela' de défenses supplémentaires. Excédé par son attitude insolente, je finissais par capituler et accepter le principe d'une sortie dans la rade de Toulon. Subitement son attitude se transforma, se fut le 'branle bas de combat'. Les préparatifs pour appareiller furent exécutés en un temps record. Une heure plus tard on sortait du port pour nous retrouver dans la rade sous un vent de force cinq-six. Mon acquiescement avez été subordonné à une sortie du port au moteur et de limiter notre temps de navigation afin de minimiser les risques auxquels nous pouvions nous exposer en raison de notre inexpérience. Sur ses instructions on quitta notre point d'attache sans encombre pour atteindre les grosses bouées métalliques marquant notre arrivée dans la zone de trafic maritime où les bateaux de guerre pouvaient nous croiser. A cette hauteur le foc fut hissé et la grand voile déployée. Toutes ces opérations furent exécutées avec une étonnante facilitée. Malgré le passage d'un destroyer qui nous coupa le vent un instant on pu naviguer pendant plus d'une heure. Marc semblait assez bien maîtriser les manoeuvres de louvoiement, quant à moi je tenais le foc en respectant scrupuleusement ses consignes. Néanmoins et par prudence je donnais, après un bon temps de navigation, ordre de retourner au port. Alors que nous voguions à bonne allure, je lui demandais de baisser la grande voile et démarrer le moteur pour aborder sans encombre notre entrée. La première opération se déroula normalement. Il n'en fut pas de même pour le moteur que Marc n'arrivait pas à faire démarrer. La grand bouée signalant la proximité du port se rapprochait maintenant de plus en plus rapidement et le moteur refusait obstinément à fonctionner. Je voyais le danger se rapprocher de nous, avec le risque que nous percutions de plein fouet cette bouée métallique qui se dressait à plus de deux mètres au dessus des flots sous les poussées de la houle. Pour tenter d'éviter une collision qui me paraissait inévitable, je saisissais la gaffe pour tenter de l'esquiver. Celle-ci se trouvait maintenant à quelques centimètres de la coque risquant d'endommager gravement le voilier. Le pire fut évité de justesse et le moteur se décida enfin à démarrer. Le 'Nathela' sortait indemne, sans la moindre éraflure, ce fut un miracle. C'est avec soulagement que je baissais alors le foc et dans mon empressement j'oubliais de fixer la drisse au mât, laquelle remonta jusqu'à son sommet. L'incident qui avait failli faire couler la corvette freina les ardeurs de mon frère qui ne réclama plus d'autres sorties en mer. Toutefois il fallait récupérer la drisse. On du faire appel à l'un des fils Vangahert pour aller la récupérer en haut du mât. Les dégâts ainsi réparés on attendit tranquillement la fin de la semaine qui marquait le retour de 'Louis Le Magnifique'. C'est seulement le lendemain que Monsieur Vangahert, qui nous avait observé aux jumelles, lui fit part de l'incident dont nous avions été l'objet à l'entrée du port. Cela me valu les foudres paternelles qui en représailles me fit remonter à Tallard. Mon frère ne souffla mot des évènements et me laissa endosser l'entière responsabilité de l'incident. Quant à lui il resta à Saint Mandrier tout l'été mais il dû se résoudre de rester à quai.
Emancipation Act:
L'année scolaire 1964-1965 marqua mon redoublement de la terminale, et en perspective la fin de l'époque tallardienne. Durant la période de révision, je pris soin d'éviter le recours à la préludine, ce soutien intellectuel, qui m'avait joué un si vilain tour lors des écrits du 'bac' de l'année précédente. Les épreuves se déroulèrent normalement courant juin,mais il me fallu attendre les premiers jours de juillet pour que les résultats nous soient communiqués. Durant cette dernière année lycéenne, 'Louis le Magnifique' me conseilla de poursuivre des études en dentaire, car il estimait que la médecine praticienne était à terme condamnée. C'est ainsi qu'il avait été convenu avec mon camarade Gilbert Werklé, qui redoublait également, que l'on s'inscrive à la Faculté de Lyon dès le début de septembre. Mais au préalable, il convenait d'attendre nos résultats au bac. Le jour tant attendu arriva. Arrivé à Gap en début d'après midi, nos résultats nous furent communiqués qu'en soirée. C'est avec une certaine fébrilité que je m'approchais du tableau où figuraient les heureux nominés. Ouf! j'accédais au grade de bachelier en Sciences Expérimentales. Ce ne fut pas une explosion de joie car ces deux dernières années scolaires avaient été éprouvantes. Mais le résultat était là et je pouvais enfin poursuivre des études supérieures qui me permettraient, à terme, d'acquérir une place dans cette société qui relevait encore de cette époque des trente glorieuses, du moins c'est ce que je souhaitais. Pour marquer l'évènement je décidais d'assister à la soirée du 'Bac' qui clôturait toute cette période d'octobre 1956 à Juin 1965. Mais au préalable je devais téléphoner à Tallard, car je savais que mon père attendait lui aussi ce résultat avec impatience. Ce fut Nathela qui me répondit, 'Louis Le Magnifique' était parti en appels auprès de ses patients. Persuadé que mon père serait prévenu de ma réussite dès son retour je partis à cette soirée le coeur léger. En raison de l'heure tardive à laquelle se terminait 'Le bal des Bacheliers' il avait été convenu que je dorme chez mon ami Jean Michel Serve .Le lendemain je rejoignais Tallard en fin de matinée. Je ne pus voir mon père qui était déjà en consultation au cabinet médical. Comme à accoutumée je déjeunais à la cuisine avec le clan des 'Georgiens' constitué, cette année là, par les trois filles de Nathela ainsi que leur cousine Christine. Ce n'est qu'en début d'après midi que je pus voir mon père qui me reprocha de ne pas l'avoir informé de ma réussite au 'Bac'. Malgré mes protestations, il n'en cru rien. Nathela qui était présente avec ses filles, aurait pu confirmer mon appel téléphonique de la veille. Elle n'en fit rien. De mon côté je n'eus pas cette présence d'esprit de la prendre à témoin. Le ton monta très rapidement, c'est dans une ambiance délétère que j'exigeais la restitution des sommes que Maman m'avait envoyé les Noëls précédents, et qu'il m'avaient empruntées à deux reprises pour se rendre à Paris avec Nathela. Je pouvais ainsi récupérer plus de six cent francs, argent avec lequel je projetai ainsi de me rendre à Londres pour voir Maman que je n'avais plus revue depuis Notre Dame du Laus en juin 1956. En effet, je ne voulais pas que soit réédité ce qui s'était passé en Juin 1963 lors de ma réussite au probatoire. Pour me récompenser de mon succès à la première partie du baccalauréat 'Louis Le Magnifique' avait souhaité m'offrir une guitare. On s'était rendu chez Scotto implanté rue de Rome à Marseille pour y achetere l'instrument. Marc fut chargé à l'époque de choisir le modèle: une Hoffner à trois micros. Le top niveau de ce qui pouvait exister. Quelque jours après il me fut demandé que j'échange ma guitare à celle qu'il avait offert à mon frère lors d'une de ses visites à Nîmes où il était interne. Ce voyage à Londres souvent j'y songeais depuis longtemps, mais devant les réactions violentes de 'Louis Le Magnifique' tout espoir s'effondrait. Ainsi pour avoir osé réclamer que l'on me restitue l'argent de ma mère, je fus chassé de Tallard. Personne ne prit ma défense, c'est dans ces conditions dramatiques que je décidais de me rendre en stop dans la ville phocéenne. Je voulais contacter Madame Castellin qui occupait depuis la mort de 'L'aquarelliste ' son appartement du 44 rue Jean de Bernady. Je pensais ainsi obtenir son adresse londonienne. Sans le savoir je fus confronté à une surprise qui dépassa mon imagination. Arrivé en fin de matinée de Juillet 1965 je sonnais vainement à l'entrée de l'immeuble. Pourtant la fenêtre de la chambre que j'occupais autrefois était entre ouverte. Intuitivement il me vint à l'esprit que Maman pouvait être présente et qu'elle ne voulait pas m'ouvrir. Décidé coûte que coûte à pénétrer dans l'immeuble, je sonnais à un autre étage pour me faire ouvrir. C'est ce qui se passa et j'allais me renseigner auprès du Cabinet d'architectes qui étaient toujours les locataires du rez de chaussée que j'avais connus dans ma tendre enfance.Il me fut confirmé que ma mère était arrivée de Londres depuis quelques jours. Je compris subitement qu'elle revenait depuis plusieurs années ici à Marseille comme du temps des 'Glamorous Fifties'. Je compris aussi, qu'à l'occasion de mes rares venues à Marseille avec mon père, Madame Castelin me mentait alors que je venais la voir pour prendre de ses nouvelles. Je compris également que 'Louis Le Magnifique' avait dû la faire prévenir de mon éventuelle visite en chargeant 'Tati' ou 'Mémé' de cette mission car il n'y avait pas de téléphone au domicile de 'L'Aquarelliste'. Ainsi une sorte de coalition venait de se constituer spontanément dont je ne pris pas conscience immédiatement. Pour l'instant mon souci était que je puisse voir Maman qui se retranchait dans cet appartement que nous avions partagé au début des années cinquante. Comment s'y prendre sans que je sois accusé de perturber le calme qui régnait dans le hall. C'est alors qu'il me vint l'idée de coincer la sonnerie du pallier . De l'oeil de 'Boeuf' qui se trouvait près de la cuisine je savais qu'elle pouvait m'observer. C'est délibérément que je tournais mon visage dans cette direction pour qu'elle puisse bien me reconnaître. Près de dix ans s'étaient écoulés! Durant plus d'une minute j'appuyais désespérément sur la sonnette, allait-elle m'ouvrir? Ces quelques instants parurent une éternité. Finalement les effets escomptés produisirent ce que je souhaitais. La grande porte s'ouvrait enfin : Maman était là présente devant moi; c'était devenu subitement réel. Elle m'accueilla dans la cuisine sans pour autant me présenter aux personnes qui se trouvaient dans la salle à manger lors de mon irruption en ces lieux. Je su un peu plus tard qu'il y avait autour de la table Nasim, ma soeur Billy, et Tantine, cette très chère 'Tantine'. Parti de Tallard vers cinq heures du matin, j'étais affamé. Elle m'invita à m'asseoir à cette grande table en bois où je prenais place autrefois. Je regardais les murs, le carrelage au dessus de l'évier en pierre de cassis, je dévorais ces vieux clichés que ma mémoire avait enfouis au plus profond de moi même. Le vieux filtre à eau était toujours là avec son lancinant goutte à goutte. Non rien avait changé comme le chanta plus tard un certain Rulio Eglésias. Maman me prépara un 'beefsteck' et on passa plus de deux heures à discuter. Billy vint un instant lui demander quelque chose, mais s'exprimant dans la langue de Shakespeare je n'en compris pas tout le sens. Je su toutefois qu'elle ignorait que j'étais son frère au même titre que le sont Marc et Anne du côté de la 'Dynastie de L'obscur'. C'était une autre lignée dynastique que je connu durant ces seuls instants de Juillet 1965. En dix ans, Maman était marquée par son séjour au Pakistan qui fut pourtant que de courte durée. Âgée seulement de quarante ans, elle paraissait lasse et fatiguée. Le climat tropical avait vieilli prématurément son visage, elle dont j'avais conservé un souvenir si radieux. En milieu d'après midi, il fallu que je quitte ce haut lieu de mon enfance, là où j'avais été heureux avec Maman. Je sentais qu'un fossé s'était creusé depuis toutes ces années écoulées dans l'ignorance. En automate je repartis en stop à Tallard où notre voisine, Madame Delcros m'hébergea chez elle durant quelques jours. Ne pouvant rester dans cette situation, il fallait que je puisse louer une chambre meublée sur Gap. L'argent que m'avait remis Maman me permit de faire face à cette dépense, mais ce n'était pas suffisant pour couvrir tous mes besoins. Il fallait impérativement que je trouve un travail pour survivre car je n'avais rien en dehors de quelques vêtements et ma brosse à dents. Mon ami d'enfance Jean Louis qui habite toujours à Lettret me prêta sa mobylette pour me faciliter mes déplacements entre Tallard et Gap. Un après midi alors que j'avais rendu visite à mon camarade Jean Michel dont le père avait constitué un portefeuille d'assurances à la Samda, ce dernier m'invita à le suivre dans son bureau. Je fus surpris par cette démarche quelque peu insolite. Alors qu'il m'invitait à m'asseoir, il me remis un document que je devais impérativement signer. Au fur et à mesure que je prenais connaissance de cet acte d'émancipation, je comprenais que, mes parents mettaient un terme à mes études supérieures. C'était un acte de haute trahison totalement incompréhensible. Je constatais en outre que le père de Jean Michel, Monsieur Serves agissait en tant que représentant légal de Maman. Ainsi 'Louis Le Magnifique' et Maman s'étaient subitement concertés, après vingt ans d'ignorance réciproque pour rédiger un acte d'émancipation mettant fin à leurs obligations parentales. Qui furent les instigateurs d'une telle machination? Nathela? Les Parents de Jean Michel? 'Louis Le Magnifique'? Je n'en su jamais rien, aujourd'hui encore le mystère reste entier. Maman et Nathela restent les deux personnes qui puissent connaître la réponse. Néanmoins s'il y a eu machination, mes parents resteront toujours les seuls coupables de cette trahison pour avoir commandité le Juge du tribunal de grande instance de Gap qui rédigea l'acte d'émancipation le 26 Juillet 1965. Ce jour là 'L'entreprenant' dû se retourner dans sa tombe, lui qui avait mit tant de fierté à faire de son fils un médecin. Il en dû être de même pour 'L'aquarelliste' qui avait obligé sa fille à se marier pour que son petit fils ait une famille. Cette journée du vingt cinq Juillet 1965 marqua le point de départ de L'odyssée de l'homme oublié .
L'Effondrement:
Juillet 1965 marqua mon départ définitif de Tallard, les évènements qui se succédèrent par la suite échappèrent en grande partie à mon attention. C'est à l'occasion de rares visites que je fis à 'Louis le Magnifique' durant ma formation universitaire que je pris connaissance des diverses péripéties auxquelles il fut confronté avec Nathela. J'appris incidemment qu'elle quitta Tallard dans le courant de l'année 1967 . Elle se rendit à Marseille et durant quelques mois y occupa la fonction de chef du personnel à L'Hôtel d'Arbois qui se trouvait en face de la gare Saint Charles. Aujourd'hui ce grand hôtel a disparu et a été transformé en bureaux. C'est durant cette période de quelques mois qu'il rencontra Danièle avec laquelle il fonda, ultérieurement, la quatrième dynastie marquant le début du bas empire. Alors que tout laissait à penser que cette relation touchait à sa fin, 'Louis le Magnifique' descendit un jour à Marseille pour demander à Nathela qu'elle revienne à Tallard;chassant ainsi des lieux la future mère d'Aline notre dernière soeur officiellement enregistrée sue les registres de l'état civil. C'est dans ces conditions qu'ils se marièrent après de longues fiançailles comme le chanta Brassens. Quelle fut la date et le lieu de ce mariage, je ne le su jamais. Pourtant cette ultime tentative fut aussi éphémère que la première Dynastie qu'il avait fondé en 1944. En effet en juin 1969 le divorce était prononcé marquant ainsi le début du chaos dans la constellation familiale. Dans cette ambiance délétère 'Louis Le Magnifique' me chargea de la mission la plus pénible que je dû accomplir durant cette période passée, auprès de lui, à Tallard. Ainsi en juin 1969, je fus chargé de recevoir Nathela rue Souveraine pour lui faire signer un acte rédigé sous seing privé. Ce document définissait les modalités d'un accord qu'ils avaient conclus pour liquider les biens de la communauté. Pour se faire j'avais dû quitter au petit matin Aix en Provence pour être sur les lieux dès 9 heures. 'Louis Le Magnifique' quitta la maison pour aller se réfugier chez 'Tambourini' le Pharmacien avec lequel il avait fini par sympathiser, alors qu'il avait été source de conflit lorsqu'il dû abandonner la pro pharmacie sur l'initiative du Maire qui avait sollicité son ouverture quelques années auparavant. Seul dans cette grande maison, un silence macabre planait sur ces lieux maudits que j'avais moi même quittés en catstrophe en Juillet 1965. Nathela fut ponctuelle, et à neuf heures la sonnette retentissait. Yana ma chienne n'était plus là pour venir l'accueillir. Je descendis seul les escaliers pour lui ouvrir la porte, comme je le fis en 1957 pour Marc et Anne qui avaient été chassés de leur maison. Quel étrange retournement du temps, décidément j'étais l'homme chargé des missions difficiles que personne ne voulait prendre en charge. La répétition frappait encore une nouvelle fois. Dans un silence oppressant on remonta à l'appartement dans lequel elle avait vécu plus de 12 ans. On entra dans le salon où j'avais déposé le document qu'elle devait préalablement signer. Formulant maladroitement ma demande, elle refusa de le faire. Conformément aux instructions que j'avais reçus, je l'avissais qu'à défaut de signature je m'opposerai à ce qu'elle prenne possession des meubles qui lui revenaient. Elle s'exécuta, c'était une situation très pénible de donner des ordres à une femme intelligente et dont j'aurais pû être le fils. C'est ainsi qu'elle emportait avec elle quelques tableaux et les rares meubles qu'ils avaient acquis ensemble. Le déménagement fut de courte durée, une heure plus tard l'opération était achevée. Je descendis la raccompagner jusqu'au hall d'entrée du rez de chaussée, elle voulu m'embrasser mais je refusais cette dernière sollicitation. Bloqué par la mission que je venais d'exécuter j'avais l'impression de trahir. C'était ridicule, mais ce furent dans ces circonstances que Nathela s'évanouissait dans l'insondable.

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