dimanche 26 octobre 2008

La Dynastie de L'Obscur: Crépuscule

Alors que l'été 1955 venait de s'achever, je revenais à Tallard où je pensais vivre en famille avec mon frère et ma soeur. Il n'en fut rien, le mois de septembre s'écoula et je dus une nouvelle fois quitter la rue Souveraine. Pour des raisons que je ne comprenais pas, on me plaça en pension à Notre Dame du Laus pour y refaire ma septième que j'avais interrompu dès le mois de Février, alors que j'étais encore externe au Sacré Coeur.
Notre Dame du Laus:
Je ne savais pas où se trouvait ce lieu de pèlerinage, ni son éloignement de Tallard. C'est Anne Marie qui fut chargée de constituer mon trousseau. Il fallait coudre sur chaque vêtement mes initiales et un numéro de pensionnaire. C'était la première fois que j'allais porter officiellement ce nouveau nom de D.E que mon père avait été autorisé à porter par décret Présidentiel de 1951. Je fus donc le dernier de la famille à endosser ce patronyme car 'L'Entreprenant' s'était farouchement opposé à ce que je l'utilise tant que j'habiterais la rue Thiers. Ce fut ma seule consolation en quittant Tallard. Ainsi le 30 septembre 1955, je pris la route pour ND du Laus qui se trouvait tout au plus à 20 kilomètres. On emprunta cette route qui allait bientôt mener vers le barrage de Serre Ponçon dont les travaux n'avaient pas encore commencés. Quelques kilomètres plus loin on quitta la route de Barcelonnette pour se diriger vers Valserres. Après avoir traversé la petite bourgade on prit la direction de la Bâti Neuve. Au fond de cette petite vallée où coule l'Avance, on aperçoit le village d'Avançon accroché à une frontale morainique située à l'adret. C'est en ce lieu reculé des Hautes Alpes que mon frère et ma soeur vinrent habiter deux ans plus tard lors de la procédure en divorce enclenchée contre de 'La Dynastie de L'obscur'. Qui pouvait en cet instant deviner le drame qui allait bientôt se tramer à leur encontre? 'Louis Le Magnifique' était silencieux, seul le ronronnement de la vieille 203 grise se faisait entendre. On dépassa Saint Etienne du Laus, et deux kilomètres plus loin on bifurqua sur la gauche pour prendre la route qui mène au sanctuaire.C'est une route en lacets qui s'accroche au corps de la montagne. A chaque virage on prend de la hauteur donnant ainsi une vision de plus en plus étendue sur la vallée. C'est en 1664 que Benoîte Rencurel fonda ce lieu de pèlerinage qui dépendait à l'époque de l'évêché d'Embrun. En cette époque marquée par le Jansénisme, Benoîte s'engagea à la compagnie des soeurs de la pénitence du tiers ordre Dominicain. Elle reçue pour mission de destiner ces lieux à la conversion des pêcheurs par le sacrement de la confession. ND du Laus était désert en ce début d'automne. Seuls les cinquante pensionnaires du Petit Séminaire allaient apporter un peu de vie à ces lieux austères. Le pensionnat ne comportait que deux classes: celle de la huitième et de la septième. Arrivé à destination, 'Louis Le Magnifique' me laissa seul prendre ma grosse valise pour rejoindre les autres pensionnaires. Le coeur lourd je pénétrais dans l'enceinte du séminaire. Un père revêtu d'une soutane noire m'accompagna jusqu'au dortoir où je pus déposer ma valise. Quelques instants plus tard, je me retrouvais dans un réfectoire aux allures spartiates. L'Abbé Meyer était le responsable du Petit Séminaire, c'est lui qui nous prit en charge durant toute la période scolaire. Il me plaça à l'une de ces grandes tables en bois où l'on se retrouvait huit à table. C'était une table qui était à droite de la sienne implantée à proximité d'une fenêtre donnant sur notre cour de récréation qui offrait un vaste panorama en direction de Valserres. Pour ne pas être trop désorienté, j'avais été placé avec deux camarades qui habitaient également Tallard. Leur présence me rassura un peu. C'est ainsi que je fis la connaissance d'un certain Antoine Kosik d'origine polonaise. Bien qu'il fût mon aîné de deux ans, il me prit sous sa protection et il devint un très bon camarade dont je conserve un souvenir chargé de regrets. En effet nos chemins se séparèrent à l'issue de la septième. Je le revis quelques fois à Tallard plusieurs années après. De condition modeste il avait dû interrompre ses études pour aller travailler. Ainsi en ce soir du 1er Octobre 1955, je faisais la connaissance du monde de l'internat dont j'avais déjà eu une première idée lors de mon séjour à Toulouse. C'est Antoine qui m'apprit que nous ne quittions le petit séminaire qu'à l'occasion des vacances. Cette nouvelle fut pour moi un choc terrible car je pensais pouvoir me rendre à Tallard chaque week end. Je compris alors que ce placement en ce lieu reculé était en fait une nouvelle mise à l'écart. 'Louis Le Magnifique ' s'était bien gardé de me dire que je ne reviendrai qu'aux vacances de Noël. C'était une nouvelle trahison. Le lendemain les cours débutèrent sans que me soit précisé la classe à laquelle j'étais affecté. Durant quelques jours je me remis au travail avec assiduité et un certain engouement. Pourtant je trouvais quelque chose de bizarre, d'étrange, de réapprendre quelque chose de déjà connu. Mais ayant déjà fait une partie de la septième au Sacré Coeur d'octobre 1954 à Février 1955, je n'y accordais qu'une importance relative. Pourtant deux semaines plus tard j'acquis la certitude que les cours correspondaient à ceux de la huitième et non de la septième, cette situation était inacceptable. J'allais en référer immédiatement à L'Abbé Meyer qui me soutint que j'étais dans la bonne classe. J'affirmais avec force le contraire, mais je ne pus obtenir satisfaction dans l'instant. J'étais catastrophé à l'idée de redoubler inutilement ma huitième. Ce n'est que le lendemain que je fus affecté en septième comme je l'avais sollicité. Ainsi j'allais pouvoir me présenter au concours d'entrée en sixième en fin d'année scolaire et ne rester qu'un an dans cette école que l'on quittait qu'aux vacances. Durant toute l'année scolaire, mon père ne vint jamais me rendre visite le Dimanche après midi alors que certains de mes camarades avaient cette chance. Le Petit Séminaire n'avait qu'une petite infirmerie tenue par des religieuses pour nous soigner. Les Pères faisaient appel à mon père qui était le seul médecin de campagne dans les alentours. Un soir alors qu'un camarade était alité depuis plusieurs jours par une forte fièvre, on fit appel à 'Louis Le Magnifique' qui se rendit à son chevet. Quand il arriva dans le dortoir, les lumières étaient éteintes depuis un long moment. Elles furent allumées pour permettre à mon père d'ausculter son jeune patient. Son lit se trouvait sur une autre rangée presque en face du mien. Ainsi je pus voir mon père dans l'exercice de ses fonctions. Je lui faisais un sourire pensant qu'il viendrait m'embrasser. Il n'en fut rien, il se limita à me faire un petit signe de main. L'hiver 1956 se caractérisa par un froid sibérien qui dura tout le mois de février. Un matin alors que nous jouions au jeu des quatre couleurs pour tenter de nous réchauffer, le père Meyer nous annonça que le thermomètre était descendu à 17 degrés en dessous de zéro. L'air glacial nous taillait le visage comme des lames de couteaux, mais le temps très sec nous faisait supporter cette température polaire. Le dimanche nous partions l'après midi en ballade sur les torrents gelés, n'ayant pas de serre tête le froid finissait par me geler les oreilles qui devenaient douloureuses. Je me souviens encore d'une de ces promenades le long de l'avance, il neigeait, le vent du nord soufflait nous fouettant le visage. Nous étions comme ces soldats de l'armée Napoléonienne,certes, ce n'était pas la Bérézina mais nous étions tous serrés les uns contre les autres afin de nous protéger contre ce froid sibérien. Seul le crissement de nos pas sur la neige se faisait entendre et L'Avance ne laissait apparaître qu'un long ruban blanc figé.
Pindreau:
Ce printemps fut marqué par Pindreau ce lieu d'apparitions de la Vierge Marie à Benoîte. La statut y est visible dès la traversée de Valserres et domine, en cet endroit, la vallée face à Avançon. Ce lieu de pèlerinage et de prières, marqua pour moi ce souvenir des derniers jours passés avec Maman en Juin 1956. Le mois de Mai qui marquait l'époque des communions solennelles,fut également le théâtre d'évènements curieux dont je percevais assez difficilement le sens. En âge de passer la communion solennelle, je partis en retraite avec mes autres camarades pour me préparer à recevoir ce sacrement. Lors d'un retour d'une ballade au col de L'Ange et que notre retraite touchait à sa fin, je fus appelé par le père Meyer pour me signifier que je ne pouvais effectuer ma communion solennelle. Aucune explication ne me fut donnée, la sentence tombait comme un couperet qui me laissa complètement abasourdi. J'appris bien plus tard que le diocèse s'opposa à ce que je reçoive ce sacrement en raison de la procédure en divorce que 'Louis Le Magnifique ' enclenchait à l'encontre de la 'Dynastie de L'Obscur'. Quelques jours après cette annonce qui m'écartait de la normalité, le père Meyer me demanda de me rendre devant le parvis de l'église pour y rencontrer quelqu'un qui m'y attendait. La démarche me paraissait curieuse, cela ressemblait à une rencontre qui devait rester cachée, secrète en quelque sorte. Je me rendis à ce lieu de rendez vous où je ne vis personne. Pensant qu'il s'agissait d'une erreur je m'apprêtais à repartir quand soudainement j'entendis la voix de mon père m'appelant. Je n'avais pas prêté attention à une voiture qui se trouvait en stationnement devant le podium où se déroulaient les messes en plein air les jours de pèlerinages. C'était une voiture toute neuve dont je ne connaissais pas la marque ni le modèle. J'appris plus tard qu'il s'agissait d'une Aronde la voiture légendaire de Simca.Mon père m'invita à prendre place à l'arrière du véhicule. C'est en ces circonstances que 'Louis Le Magnifique' me présenta Nathela avec laquelle, il allait bientôt fonder la troisième Dynastie: 'La Dynastie Georgienne'.C'était une belle femme qui me paraissait être gentille. Rien de précis ne me fut dit, si ce n'est que étions amenés à nous revoir. C'était énigmatique, mais je compris que la fin de la Dynastie de Obscur était proche. Enfin le mois de Juin tant attendu arriva. Un matin, avec tous mes camarades,on prit le car pour se rendre à Gap afin de passer les épreuves du concours d'entrée en sixième. Mon départ de ND du Laus dépendait du succès à cet examen qu'il fallait donc à tous prix réussir. On arriva au chef lieu du département vers huit heures du matin. Notre car se gara sur l'immense place de terre battue qui s'étendait devant le Lycée Dominique Villars. L'architecture de type militaire m'impressionnait,et l'établissement se structurait autour de deux cours intérieures qui me paraissaient immenses. Le concours d'entrée en sixième comprenait deux épreuves: l'une en français qui se déroulait en matinée et l' épreuve d'arithmétique avait lieu l' après midi. Dès neuf heures je me retrouvais à faire une dictée qui s'intitulait:'Sur le seuil'. La deuxième partie de l'épreuve portait sur des questions relatives à la compréhension du texte, et pour tester nos connaissances sur les principales règles grammaticales que l'on devait être en mesure de maîtriser à l'issue de la septième. Vers onze heures un Monsieur en costume sombre entra dans notre salle d'examen et s'approcha de moi. Après avoir lu ma copie, il m'indiqua que je devais à la sortie de l'épreuve me rendre dans le hall d'entrée du lycée où mon père m'y attendrait pour que j'aille déjeuner avec lui. J'attendis avec impatiente que la sonnerie de midi retentisse pour me précipiter vers le lieu indiqué. Quelle surprise, dans le hall je reconnu le monsieur qui était venu me voir en matinée. A ses côtés se tenaient mon Père mais surtout il y avait Maman! Ce fut la première et dernière fois de ma vie que je déjeunais au restaurant avec mes parents. Au cours du repas 'Louis Le Magnifique' m'avisa que Maman viendrait avec moi passer quelques jours à Notre Dame du Laus. C'était fantastique. A la fin du repas, je rejoignis le lycée pour suivre les épreuves d'arithmétiques qui s'achevèrent à seize heures. Maman m'attendait seule dans le hall du lycée. On s'installa au fond du car qui nous ramena à Notre Dame du Laus, ainsi on pouvait parler sans être dérangés par mes camarades qui commentaient largement les épreuves que nous avions eues. Avant notre départ du lycée Le Proviseur, ce monsieur qui m'avait rendu visite, vint me dire que j'avais réussi mon concours d'entrée en sixième. Il me demanda de ne pas en faire part à mes camarades qui furent informés de leurs résultats seulement quelques jours après. Maman prit pension dans un hôtel réservé aux pèlerins qui se trouvait à proximité du petit séminaire. Elle prenait ses repas toute seule,mais j'avais été dispensé d'aller en classe pour passer les journées avec elle. On passa ainsi une semaine entière ensemble. Ces jours inoubliables furent les derniers jours que je passais auprès d'elle. Mais ni l'un ni l'autre ne pouvait imaginer, en cet instant, une telle éventualité. Souvent en après midi, nous partions à Pindreau nous asseoir au pied de la statue de bronze. On apercevait de l'autre côté de la vallée, Avançon accrochée sur la frontale morainique charriée par les glaciers au début du quaternaire voilà quelques dizaines de milliers d'années. Je savourai secrètement ces moments de silence partagés avec Maman, en mon for intérieur je ressentais obscurément que je vivais mes derniers instants auprès d'elle. Je revois encore aujourd'hui ces lumières du soir tomber sur la vallée en ces premiers soirs d'été. Ressentir cette détresse m'envahir lors de notre long retour à travers les sous-bois en direction du Laus. Le dernier jour tant redouté arriva. C'était son départ pour Nice afin d'y prendre son avion pour Karachi la capitale du Pakistan. Ce lointain pays où elle devait se rendre pour rejoindre Nasim, devenu son second mari depuis le décès de 'L'Aquarelliste'. Alors que nous attendions l'arrivée de son taxi elle voulu me donner une importante somme d'argent en coupures de dix mille anciens francs. Afin d'éviter que cette somme me soit dérobée, elle la déposa à la conciergerie du sanctuaire. Le taxi arriva vers seize heures, c'était une grande Versailles Bleue. Le chagrin et le désespoir m'envahirent. Maman prit place à l'arrière du véhicule, ses valises furent déposées en hâte dans le coffre arrière et le véhicule reparti. J'attendis que la Versailles dépasse la conciergerie, pour me mettre à sa poursuite dans l'espoir fou de rattraper le taxi et partir avec elle. Malgré une course effrénée sur plusieurs centaines de mètres la voiture avait disparu. Je m'arrêtai à la hauteur de la maisonnette,qui hébergea Benoite Rencurel,entièrement essoufflé. Mon espoir de rattraper le véhicule était anéanti, je dû rebrousser chemin pour rejoindre le petit séminaire où il ne me restait plus que quelques jours à y vivre jusqu'au départ pour les grandes vacances. Le 30 Juin 1956 marqua le départ des premières grandes vacances en absence de Maman. 'The Glamorous Fifties' n'étaient plus qu'un lointain souvenir. En ce jour de départ, je pensais prendre le car avec mes camarades pour rejoindre Gap. Mais 'Louis Le Magnifique' avait téléphoné pour dire qu'il viendrait me chercher dans le courant de la matinée. Pour meubler ces longues heures d'attente, je fis une dernière fois le chemin qui menait à Pindreau. Je m'asseyais à nouveau sur ce banc de pierre pour m'imprégner une dernière fois de la présence de Maman. Je voulais conserver en mémoire ces derniers moments passés avec elle afin que je puisse ultérieurement me les remémorer. De retour à midi au Petit Séminaire, mon père n'était pas encore arrivé. On me fit déjeuner seul dans ce réfectoire où durant une année j'avais pris mes repas avec mes camarades. Désert le réfectoire paraissait encore plus austère. A la fin du repas je parti me réfugier sous le préau, je revoyais défiler en mémoire ces longs soirs d'hiver où le Père Meyer nous faisait mettre en rang par deux dans la cour pour utiliser les WC avant de monter à notre dortoir. Pour nous éclairer, il utilisait une grande torche qui nous permettait d'accomplir le dernier acte vital de la journée. Je revoyais aussi nos expéditions au pied du col de L'Ange où nous construisions des barrages en terre que nous remplissions avec les eaux de la fonte des neiges. Nos séances de solfège pour nous préparer à chanter les chants liturgiques lors des pèlerinages. C'est ainsi que durant quelques semaines je fus en Mai 1956 'Petit Chanteur de la Croix de Bois'.Alors que j'étais plongé dans mes méditations, le Père Meyer vint à ma rencontre. Il voulait ainsi m'accompagner dans cette longue attente. Mais je conservais envers lui de la rancune car lors d'un retour du col de l'Ange pour y construire les barrages, il m'avait giflé sans raison apparente. Il me confessa qu'il avait cru que je lui avais fait 'un pied de nez 'alors que je me trouvais derrière lui. En réalité j'étais monté sur un mur pour récupérer un avion papier que je m'amusais à faire planer alors que nous rentrions au séminaire pour nous rendre en classe. C'est sur ces quelques mots acerbes que notre brève conversation prit fin. J'appris plusieurs années plus tard que le Père Meyer avait été déchargé de son sacerdoce afin de pouvoir épouser la mère son enfant. Alors que l'aprés midi était déjà bien avancée, le ronronnement du moteur de L'Aronde se fit entendre. 'Louis le Magnifique' arrivait enfin. Vingt minutes plus tard on rejoignit Tallard. C'était le premier été que je vécu sans voir Maman qui se trouvait à présent quelque part là bas entre Lahore ou Karachi. Je fis connaissance cette année là de Jean René Legris dont les parents habitaient Nanterre et qui possédaient une maison sur la place du village. Anne ma jeune soeur avait grandi, souvent alors que je m'asseyais sur les marches du perron de notre maison; elle venait se blottir sur mes genoux et me prenait mon oreille dans sa petite main et restait ainsi de longs moments en suçant son pouce. C'était une petite douceur dans un océan d'amertume.
Beauvallon:
Il fut décidé que je devais passer une partie de cet été en colonie de vacances à Beauvallon. C'était une petite station balnéaire située en face de Saint Tropez de l'autre côté du golfe. C'était une manière de m'écarter des vacances qu'Anne Marie passait chaque année à Sanary avec mon frère et ma soeur. Mais en cette veille de grands bouleversements qu'en était-il réellement? Mon séjour dura trois semaines, la colonie était constituée par de grands marabouts qui pouvaient héberger chacun une vingtaine d'enfants. Ces grandes tentes de type militaire étaient de forme carrée dont les côtés se relevaient facilitant l'accès à nos lits de camp. Lors d'une excursion on alla à pied à Saint Tropez. Cette randonnée représentait aller retour une marche d'une bonne vingtaine de kilomètres. On passa par port Grimaud qui à l'époque n'était qu'un marécage où poussaient des roseaux. Le port de Saint Tropez était quasiment vide. Seuls quelques gros pointus étaient au mouillage. Les yachts, les restaurants, les boutiques, la faune tropézienne n'existaient pas encore. Brigitte Bardot n'avait pas encore acheté La Madrague.Cette acquisition qui allait transformer ce petit port de pêche endormi, en une station balnéaire de renommée internationale. Une autre excursion nous mena à Cogolin qui devait sa renommée à la confection des pipes. Intrigué par ces objets mystérieux, je succombais à la tentation d'acheter cet instrument au sein duquel je fis bruler une cigarette qui me donna la nausée.Cogolin c'est aussi le souvenir de Gérard Philippe l'acteur de Fanfan La Tulipe qui y acheta une maison de vacance transformant également ce lieu paisible en usine à touristes.
Crépuscules D'Automne:
En ce mois d'octobre 1956, 'La Dynastie de L'Obscur' était chancelante. Interne au Lycée Dominique Villars à Gap, je venais tous les samedis passer mon week end à Tallard. Mon frère Marc était à l'école primaire laïcque,et notre jeune soeur 'Année' était encore chez les 'Bonnes soeurs'. L'ambiance était lourde, je fus le témoin de discussions violentes entre Anne Marie et 'Louis Le Magnifique'. Cela m'angoissait et je me sentais mal à l'aise dans cette vieille maison de la rue souveraine. Je pensais souvent à La Saulce, ce village situé sur la route de Marseille. Mon père m'y avait emmené un dimanche. Cela avait été l'occasion de revoir la Dame de l'Aronde que j'avais rencontrée au printemps dernier à ND du Laus. Nathela habitait dans un petit appartement au premier étage d'une maison située en centre bourg à proximité de l'église. Elle habitait là avec sa fille Catherine dont elle avait eu la garde lors de son divorce. Ses deux autres filles habitaient chez leur Père un dénommé 'Atchico' d'origine Georgienne qui était architecte à Gap. C'est dans ce village haut alpin que je fis connaissance d'Ellico sa fille ainée et d'Irène la cadette. Une amourette de jeunesse allait bientôt me lier à elle qui répond du prénom de Marie Hélène en français. Un soir de Novembre alors que je me retrouvrais comme tous les samedis à Tallard, mon frère ne se trouvait pas à la maison. Sa mère m'informa qu'il rentrerait assez tardivement en soirée. Il faisait déjà nuit depuis un long moment et Marc n'était toujours pas revenu, le silence se faisait de plus en plus oppressant, je décidai de me rendre à La Saulce. Il y avait à parcourir cinq kilomètres sur la route Napoléon qui séparait ce village de Tallard. Une heure plus tard j'arrivais chez Nathela où j'eu la surprise de voir ses trois filles. Ce fut le premier week end que je passais avec elles. C'était aussi le premier d'une longue série mettant ainsi un terme définitif à 'La Dynastie de L'Obscur'. L'aventure de 'La Dynastie Georgienne' allait pouvoir commencer.

1 commentaire:

Copernic a dit…

Dans le courant du mois de Juillet de l'année 2009, Dadou m'adressait une carte de Tallard dans laquelle elle me joignait les coordonnées d'Antoine Kosik ce camarade de ND du Laus.
Quelques jours plus tard, je pouvais après plus de cinquante ans téléphoner à Antoine.
Il m'apprit ainsi que notre deuxième camarade était Paul Weisbuch mon ainé de quatre jours.
Depuis Paul s'est fait construire La Campagne Chambarnier au lieu-dit Les Plaines à Curbans là où je fis du patin à glace vers 1957 avec Ellico lorsque j'habitais à la Saulce.....