mardi 23 juin 2009

Epilogue: Mitakuye Oyasin





"Mitakuye Oyasin signifie 'Nous sommes tous reliés' en langage Lakoia qui se parle au Népal."


Au printemps de l’année 1998, alors que mon divorce venait d’être prononcé, je sortais affaibli par cette nouvelle épreuve. Je résidais toujours à l’Hôtel Center, et je n’avais même pas recherché à retourner voir la maison du Drennec qui restait inoccupée depuis le mois de mars, date où avait été rendu le jugement.
En soirée du 18 Mai alors que je rejoignais mon hôtel, un courrier du ‘Centurion Del Djem’ m’attendait à la réception. Quatorze longues années s’étaient écoulées sans jamais recevoir de ses nouvelles. Les seules auxquelles j’avais eu droit étaient celles que sa mère ne manquait pas de m’adresser chaque année lors de l’actualisation de la pension alimentaire que je lui versais.
Dans ce courrier, Olivier m’indiquait qu’elle aurait été la seule à lui offrir tout ce dont il avait besoin ; sa démarche semblait guidée par un souci de mieux se connaître lui-même : ‘de ses gènes’, pour mieux se comprendre : ‘la moitié qui m’a crée’, écrivait-il avec une certaine outrecuidance. L’approche était à tout le moins surprenante, mais après un si long silence, elle avait le mérite d’exister.
Pourtant certaines de ses allégations étaient difficilement acceptables : ‘ elle a merveilleusement bien accomplie cette tâche de m’élever et de faire ce que je suis aujourd’hui, à tel point que ton absence ne s’est jamais ressentie, elle a su combler ce vide’. L’assertion était irrecevable au regard des évènements qui furent décrits dans ‘La fosse aux serpents’ au chapitre relatif ‘Embarquement pour le Hadès’.
Ainsi quel était donc le motif réel de cette lettre où ‘Le Centurion Del Djem’ ne cachait pas l’image négative qu’il avait de son père dont ‘l’absence’ ne lui avait nullement manquée ?
Dans un souci de conciliation, je minimisais la dureté de tels propos qui relevaient en fait du complexe d’Œdipe. Olivier devait vivre cet affrontement avec le père qui lui avait tant manqué quoiqu’il en dise. Moi même son absence, dans mon exil de Pen Ar Bed, me faisait accepter cette manifestation de défiance dont il avait besoin pour s’affirmer dans la vie.
Par la suite nos rapports se normalisèrent, mais le vide généré par ces longues années de silence restait omniprésent. J’avais été empêché de pouvoir l’accompagner durant toute son adolescence et ce manque ne pouvait malheureusement être comblé par quelques rares entrevues que nous pouvions avoir.
L’espace qui nous séparait contribuait dans une large mesure à renforcer l’isolement des années antérieures. L’internet haut débit permettant d’abolir l’espace n’existait pas encore. Google, ce Gandalf des temps modernes n’était pas encore en mesure d’agir au niveau des messageries instantanées et autres webcams.
Lorsqu’il me fit part de sa décision d’abandonner de ses études d’infirmier, je ne pus que la déplorer. A mon sens cela constituait une erreur d’analyse, c’est donc avec résignation que je voyais ‘Le Centurion Del Djem’ emprunter les chemins du chaos avec une insouciance déconcertante. Mais je ne souhaitais pas m’opposer à son choix qui aurait immanquablement conduit à un conflit que je voulais à tous prix éviter. La connaissance est seule transmissible, l’expérience ne peut qu’être personnelle.
Par la suite il me fit part de la connaissance d’une certaine ‘Ingrid’ qu’il aurait rencontré lors d’un séjour à l’ile de la Réunion. Selon ses propos, la relation fut dès le départ tumultueuse ne laissant rien présager de bon pour l’avenir. Sur ce point encore j’étais mal placé pour le conseiller judicieusement. Lui-même dès mars 2003 alors que nous étions venus lui rendre visite à Biviers près de Grenoble, il s’interrogeait sur l’opportunité de poursuivre cette relation qui se plaçait en contradiction avec les objectifs de vie qu’il s’était fixé. C’est dans ce contexte houleux qu’il nous accompagna jusqu’à Tallard où il fit connaissance de ma sœur, sa jeune Tante, issue de la ‘Dynastie Malcorienne’.
Par la suite ce fut ‘le silence radio’. Une année s’écoula sans avoir de ses nouvelles. Ainsi j’étais loin de me douter que le 7 Mars 2004, Ingrid donnait naissance à Ilan mon deuxième petit fils. Le seul à hériter du patronyme de ‘Louis Le Magnifique’. C’était un heureux évènement et une surprise tout à fait inattendue.
A l’époque je venais de quitter la Bretagne et nous demeurions avec Anne à Morières les Avignon en attente de notre appartement de Marseille qui devait nous être livré à la fin du premier semestre de l’année en cours.
On se rendit une nouvelle fois à Biviers cette petite commune de L’Isère là où ‘Madame de Lizant’, dans les années sixties, avait acquis avec son ex mari un chalet de Montagne ‘Le Montalieu’ situé à une vingtaine de mètres de son domicile. Madame de Lizant qu’il avait connu lorsqu’il venait passer ses vacances à Saint Benoit et décrites lors de ‘L’Epopée Poitevine’ dans les années 82 à 85.
Ainsi Olivier fondait à son tour cette cellule sociale fondamentale, la seule, qui puisse apporter à l’enfant la structure d’accueil favorisant son épanouissement. Cette structure sociale dont il avait était privé ainsi que son père. Ainsi ‘Le Centurion Del Djem’ voulait être par là le Réparateur.
Sacré fiston, tu voulais réussir et vaincre cette adversité à laquelle la famille était confrontée depuis les années trente. Là où Sérenus ‘L’Aquarelliste’ ton tri-aïeul avait été confronté. Mais tu avais oublié que l’enfer était pavé de bonnes intentions. L’idée était généreuse, mais il manquait l’essentiel dans la relation avec Ingrid. Car contrairement aux idées reçues l’enfant ne contribue pas à renforcer les couples. C’est l’inverse.
Mais , l’adversité que tu traverses aujourd’hui tu le fais avec dignité et c’est là l’essentiel. Tous ces éléments que j’ai pu mentionner dans cette saga permettront, peut être, à Ilan s’il le souhaite d’être un jour le Réparateur…….

1 commentaire:

BlaiseB04 a dit…

Copernic est décédé à la fin de l'année 2009. Une pensée plus qu'émue pour ce camarade qui n'écrira plus