lundi 15 juin 2009

Epilogue : A la Rencontre du Destin


En cette fin septembre 2004, notre installation au Belvédère était enfin achevée. L’automne allait nous permettre de bénéficier d’un temps moins torride. Cette ambiance n’était pas sans me rappeler l’époque d’Aix en Provence où je me préparais à rentrer à la Faculté. Par ailleurs je venais de renouer avec mon Parrain, de fait cette période de pré retraite s’annonçait dans une perspective agréable. C’est dans ce contexte serein que je dus, néanmoins, consulter un généraliste pour remédier à des troubles physiologiques qui devenaient persistants.
Un diagnostic Inattendu :
N’ayant pas de médecin de famille, je me rendais à La Rouvière où j’avais repéré un cabinet médical au sein de la petite zone commerciale. Je prenais au hasard le médecin qui pouvait m’examiner le plus rapidement. C’est ainsi que l’on découvrit que j’étais atteint d’un diabète de type II. Cette forme dite diabète non insulino dépendant dénommé DNID touchait essentiellement les personnes ayant atteint la cinquantaine et dont l’origine prenait ses sources dans la sédentarité engendrant un dysfonctionnement du métabolisme. En outre on découvrit une hypertension nécessitant une surveillance régulière. De fait, j’étais astreint à un régime contraignant dans lequel je devais éviter le plus possible les aliments à base de glucides ainsi que les matières grasses génératrices de cholestérol. De surcroit, je devais impérativement accomplir une marche quotidienne d’une demi-heure au minimum. Bien que la maladie soit contraignante, cela ne remettait nullement en cause le processus vital. J’étais cependant condamné à fréquenter périodiquement les laboratoires pour y effectuer des analyses trimestrielles ainsi que des contrôles annuels de la vue et de l’évolution cardiaque. La seule chose vraiment gênante était la neuropathie dont j’étais atteint au pied gauche m’obligeant à apporter une vigilance accrue aux soins plantaires pour prévenir les amputations qui guettent les diabétiques.
L’année suivante, il fut convenu de me faire suivre par un endocrinologue. Je choisissais au hasard sur le Bottin une certaine Hélène Bellon dont le cabinet de consultation se trouve au Prado et qui exerce également à la Timone. Après avoir étudié les résultats de mes différents bilans sanguins elle diagnostiqua un DNID atypique, et me fit obtenir de la CPCAM des Bouches du Rhône une prise en charge à cent pour cent au titre d'une affection de longue durée:L'ALD. Sur le fond, elle confirmait le diagnostic initial et ne changea en rien le traitement qui m'avait été prescrit.
Ce n’est qu’à partir du début de l’année 2008 que le diabète eut tendance à se déséquilibrer m’amenant à éliminer la quasi totalité des graisses et des sucres. L'examen de juin révèla une nouvelle perte de poids s'ajoutant à celle du printemps. J’avais,ainsi, perdu en quelques mois plus de huit kilos. Face à la situation madame Bellon voulu doubler les doses de mon traitement, mais sachant que je prenais encore trop de chocolat, je lui proposais de le supprimer totalement et d’attendre Septembre pour éventuellement rectifier la posologie. L’échéance arrivée le taux de glucide était retombé à la norme que j’avais lorsque le DNID était stabilisé ne dépassant pas ainsi 1.2. Mais si ce résultat permettait de ne pas modifier les doses de Novonorm et du Glucophage, j’enregistrais une nouvelle perte de poids à laquelle, elle ne sembla pas attacher une influence particulière. Face à ce retour aux normes auxquelles elle attachait une importance primordiale, elle décida d'aller au delà en diminuant de moitié les doses du novonorm. Cela me paraissait osé, mais je lui faisais confiance.
Dans le courant de l’automne, je fus subitement pris d’une vive douleur au niveau de sternum qui m’obligeât à m’allonger tout un après midi en absorbant massivement de l’Efferalgan dosé à 1000mg. Dès le lendemain je consultais en urgence mon médecin traitant lequel me prescrivit un antispasmodique ainsi qu’un désinfectant gastrique. Après quelques jours de traitement les douleurs s’atténuèrent . En décembre qui constituait la dernière consultation de l'année, elle constata que le taux de glycémie était remonté avec un taux anormalement élevé atteignant 1.8. Ce constat l’obligeant de revenir aux dosages antérieurs. Elle constatait de surcroît une nouvelle perte de poids qui dépassait alors 15 kilos en un an. Concernant les douleurs épigastriques, elle se borna à estimer qu’il s’agissait de simples remontées gastriques sans importances:'Voyez cela avec votre médecin traitant' me dit elle avec desinvolture.
Une cruelle Destinée :
Les fêtes de Noël s’écoulèrent à peu près normalement, les douleurs épigastriques avaient disparues me laissant un moment de répit. Mais ce fut qu’un court instant d’illusion. Dès la mi janvier 2009 les douleurs reprirent avec une violente intensité. En urgence, je pris rendez chez mon médecin traitant qui me fit consulter immédiatement un gastro entérologue. L’échographie abdominale révéla au niveau du pancréas :’ Une lésion arrondie hypo-échogène de l’isthme avec dilatation du canal de wirsung’. Ce constat laissait planer des doutes sérieux sur l’existence d’un cancer pancréatique qu’il fallait lever. Une biopsie fut effectuée le jeudi 5 Février confirmant l’existence d’une lésion de type adénocarcinome de l’isthme pancréatique. Sur intervention de mon frère qui connaissait bien Yvon BERLAND Président de l’Université de Marseille II, ce dernier lui conseilla que je sois examiné par le Professeur Berdat spécialisé en chirurgie digestive et des pathologies cancérigènes. Je fus reçu à l’hôpital nord dans les tous premiers jours de mars. Au regard du scanner qui avait été effectué à la clinique Bouchard, la tumeur lui semblait être résécable. Ce diagnostic me paraissait ahurissant, d’autant que le Docteur Bellon m’examinait régulièrement quatre fois par an depuis mai 2005. Il y avait à mon sens une faute professionnelle de sa part. En effet lorsqu’on se rend sur le site Internet de la Timone où elle exerce également, on constate avec stupéfaction que ses confrères soulignent notamment :
Les cancers de la partie gauche du pancréas (corps et queue) se manifestent plus tardivement par des douleurs liées à l’envahissement du plexus solaire. Elles peuvent être extrêmement intenses et les antalgiques courants rapidement inefficaces. L’altération de l’état général est souvent majeure. Il arrive que l’on palpe une masse épigastrique sensible ;
L’apparition ou l’aggravation d’un diabète, initialement non insulinodépendant, doit faire rechercher systématiquement ce cancer chez un homme de plus de 40 ans sans antécédent familial de diabète’
.
Ce n’était donc pas une banale remontée gastrique, comme elle avait pu l’affirmer avec tant de désinvolture en décembre 2008. Certes, elle n’était responsable de ce cancer gravissime mais elle avait failli à son obligation de moyen en n’envisageant pas cette éventualité que recommande pourtant l’équipe de la Timone à laquelle elle appartient. Dans les jours qui suivirent mon examen par le Professeur Berdat, je fus avisé par l’équipe pluridisciplinaire de l’hôpital Nord qu'elle avait constaté un envahissement de la veine mésentérique excluant toute intervention chirurgicale. Le scanner du 16 Mars confirma cette appréciation. Dès le 20 Mars à raison d’une séance de chimiothérapie par semaine j’optais pour le protocole expérimental dénommé ‘Gercor LAP 07’. Celui-ci était réservé aux cancéreux en phase finale. L’objectif était, alors, de tester en première intervention le traitement dans la pensée que l’espérance de vie pouvait être sensiblement améliorée. Sachant que cette dernière est de cinquante pour cent à un an et seulement de trente à deux ans.
Dès lors je décidais de déposer une plainte auprès du Conseil de l’Ordre des médecins à l’encontre du Docteur Hélène Bellon. A l’issue de la rencontre qui se tenait le 9 Avril dernier un procès verbal de non conciliation fut dressé. Depuis lors, le Conseil de l’Ordre qui devait revoir le problème au niveau régional n’a pas daigné encore réagir. Mais, il est vrai que les loups ne se mangent pas entre eux. Parallèlement je consultais un avocat pour une procédure au pénal. Cette procédure était à exclure, il fallait au préalable procéder à une expertise médicale. De fait mon affaiblissement général ne me permettait pas d’envisager une telle hypothèse. Mais en tout état de cause , la négligence du Docteur Bellon constituait une perte de chance. En raison de la célérité des sentences judiciaires , il lui suffisait tactiquement de ‘jouer la montre’. C’était une stratégie qui permettait que la justice rende son verdict après l’échéance à laquelle je suis irrémédiablement condamné. Dans ces conditions hautement vraisemblables, cela ne présentait, à mon sens, aucun intérêt.
Une Etrange Férocité:
Alors que depuis plusieurs mois j’avais abonné ma fille cadette, Myriam, à mon blog pour qu’elle puisse recevoir en automatique les parutions successives de ma saga, je reçu de sa part la veille du scanner, le Mail suivant :
‘ Papa,
Je vais être assez brève. Je ne désire plus recevoir tes mails sur ton passé. Je pense que malgré de très gros efforts je n’arrive pas à te pardonner ton absence ni ta " présence actuelle".
J’espère qu’en vieillissant je changerai ? d’avis……..
Par ailleurs je ne désire absolument pas m’expliquer par téléphone ni par messagerie.
Je te demande de bien vouloir arrêter de m’écrire.
Je suis désolée si je te blesse mais je n’aime pas les choses fausses.
Myriam.’
En recevant ce mail, je reçu un coup de poignard en plein cœur. Je pouvais comprendre qu’elle m’en veuille d’avoir divorcé, quoiqu’elle semblait avoir subitement oublié la triste année 1985 où le juge des enfants retira le droit de garde à sa mère qu’elle accusait de la martyriser. Myriam qui s’accordait le titre de ‘Myriam la Sage’ dans son windows live space, s’était subitement transformée en une abomination en déclarant qu’elle ne pouvait pardonner ‘…..ta « présence actuelle »’. Par là elle me reprochait le fait même d’exister. Ses propos étaient proches du parricide affectif.
Dès que mon état de santé fut confirmé, Marc ne manquât pas de la contacter pour la persuader de prendre de mes nouvelles. Il en fut de même pour Karine ainsi que ma mère. Aucune des trois se manifestèrent. Je ne pensais pas qu’une telle adversité puisse exister. Que faire face à une telle cruauté mentale ? Cela devait être mon destin contre lequel je ne pouvais lutter ou échapper.
Une Providence Rédemptrice :

Dans les ‘Dynasties de Louis Le Magnifique’ j’avais abordé au cours de trois longs chapitres, la période relative à la Dynastie de l’Obscur. De Nulla interposita sentatia à l’article 14, aux deux tours décrivant le télescopage dynastique, pour s’achever par le crépuscule marquant le terme de cette deuxième dynastie décrit à l’article 16 ; qui pouvez imaginer un seul instant que je recevrai régulièrement au soir de ma vie de fréquents courriers de la maman de Marc et Anne. Plus d’un demi siècle s’est écoulé depuis la triste époque d’Avançon où j’allais chercher mon frère et ma sœur lors du droit de visite qu’exercait ‘Louis le Magnifique’. Aujourd’hui âgée de plus de quatre vingt treize ans nous sommes réunis par ces courriers que nous échangeons régulièrement. Ainsi l’expérience de la vie m’aura démontrée que ceux qui vinrent à ma rencontre ne furent pas ceux que j’attendais lors de mon retour en terre provençale. Le temps recèle en lui de fabuleux retournements qu’il convient d’accepter avec modestie. Comment ne pas être ému lorsque je reçois ces quelques lignes :
« Merci mon cher grand frère de Marc et Anne (comment dire ? ‘Mon demi fils : cher Didier ?) Très heureux de recevoir tes lettres nous dirons ‘familiales’.Nous parlons souvent au téléphone de toi. Marc me tiens au courant de ta vie et surtout de ta santé : son grand soucis de Marseille……tu es un gros souci et une grande affection pour nous……..ce que pense l’oncologue, du résultat de ton scanner et puis on réfléchira et on prendra les résultats comme ils sont. Et puis la vie vaille que vaille. Pensons à aujourd’hui….. »
Carpe Diem comme il est coutume de dire. N’est ce pas là, la plus belle lettre qu’une véritable Maman puisse adresser à son fils ? Ce don du ciel qui vous apporte le réconfort et surtout une grande leçon de sagesse au-delà des vicissitudes que nous dûmes tous traverser.

Dadou, Cécile, Dany, et les Autres:

Durant mon exil à Pen Ar Bed, j’avais espéré que mon retour en terre provençale marquerait le temps des retrouvailles avec tous ceux que j’avais dû quitter lors de mon départ en région parisienne. Déjà mes filles, à mon grand étonnement, avaient marqués leur volonté de m’ignorer. Qu’allait-il en advenir de Jean Louis qui demeure toujours à Lettret et que j’avais connu dès la sixième en octobre 1956 au lycée Dominique Vilars à Gap ? Ou encore de Jean René originaire de Nanterre avec qui je jouais de longues heures, à la période des vacances scolaires, dans les rues de Tallard ? D’autres avaient disparus comme Bernard Dupouy dit ‘Clebs’ ou encore Bernard Lamouille le Lyonnais qui fut le mari D’Annie dont la mère tenait un magasin d’alimentation sur la place du commandant Dumont, remplacé aujourd’hui par un restaurant.
Le temps s’était écoulé, pour eux une page était tournée. En quittant la région en 1965 j’avais en quelque sorte figé le temps, et je pensais à tord que l’on pourrait se retrouver le temps de la retraite venue. Ce fut une rude déception de constater qu’au fil des années cette amitié s’était effacée.
Dès Juillet 2004 qui marqua mon retour dans la ville phocéenne, je réalisais que je ne connaissais plus personne, et que les amis d’autrefois m’avaient rangé au grenier des souvenirs. Hormis mon Parrain, nous nous trouvions être, avec Anne, des étrangers dans cette région de mon enfance.
A l’aide de Google je me mis à traquer sans relâche pour tenter de renouer avec des amitiés anciennes. Ainsi le hasard me permis en mars 2008 de retrouver un vieil ami du temps de la rue Copernic à Paris que j’ai décris à l’article 35 ‘Le Macrocosme : 'L’Aventure Copernicienne’. Gilbert alias ‘Brutus’ : le deuxième centurion après celui ‘Del Djem’ mon fils. C’est également par une information qu’il me communiqua que je pus par une requête pertinente, contacter Freddy le troisième centurion qui habitait au Castelet situé à vingt minutes de Marseille. Quelle coïncidence de le retrouvez à ma porte alors que je le pensais être en Savoie où il avait acheté un chalet au début des années quatre vingt. Je revis quelques fois Freddy qui est confronté aux pires difficultés pour maintenir son activité de conseil. Parfois je reçois un mail de sa part, mais les relations restent distantes. Brutus quant à lui me téléphone régulièrement pour prendre de mes nouvelles depuis qu’il me sait atteint par cette terrible maladie.
Lors de mes surfs sur le WEB, je découvris par hasard le Site de Tallard. Le webmaster qui était à la recherche de rédacteurs pour animer son journal, accepta que je publie des articles. Signant sous le pseudo de ‘Copernic’ plusieurs Tallardiens m’identifièrent. La première à le faire fut Dany Ricard qui me connaissait au travers des allés-retours Gap-Tallard avec le car Boisseranc. Etant ma cadette de quelques années, je dois dire que j’avais du mal à la positionner dans le temps. Mais il n’y avait aucun doute. C’est ainsi qu’elle m’apprit que c’était sa mère qui avait loué à ‘Louis le Magnifique’ le petit appartement de la Saulce en 1956. Ainsi 52 ans plus tard, Dany faisait un scoop !
Puis ce fut le tour D’Antoine qui fut ‘Pancul’ comme moi au Lycée Dominique Vilars à Gap. Ceci m’amena à créer un blog ‘DOVIGAP65’ sur cette époque lycéenne allant de 1956 à 1965. Ainsi dans ce fameux blog y sont abonnés ‘Antoimich’ et d’autres copains de cette époque. Merci Google qui est ce Gandalf des temps modernes. Le Blog comprend trois rédacteurs, mais depuis quelques mois il est en panne. La maladie me fatigue trop pour rédiger la saga et de surcroit assurer l'animation du blog .
Je reçu également un mail de ‘Dadou’ avec qui nous allions flâner dans les rues de Tallard :’ Allons chercher de l’herbette’ que je relate à l’article 14 de ma biographie. Paragraphe que je repris dans un article publié sur la site Tallardien. De la même manière le site me permis de renouer avec Cécile la sœur de Maguy et dont son frère Riquet avait été un copain de 'Muad’dib' mon frère Marc rédacteur du Blog : 'marc-hanami'. Il y eu enfin Po-Paul ce camarade qui est revenu habiter au 16 Rue Souveraine et avec qui je jouais de longues heures aux boules dans le caniveau empierrés de la rue qui a disparu depuis longtemps sous le goudron. Cécile qui se souvenait du camping à Cavalière, c’était en 1957. C’est elle aussi qui me rappela qu’une certaine Béatrice était venue rendre visite à la mère de Marc. Ceci nous valu d’être tous les deux consignés à la tente sans pouvoir nous rendre à la plage. Ainsi des visages qui avaient disparus de mes pensées revinrent faire surface avec une surprenante netteté. Depuis lors nous correspondons régulièrement par messagerie et nous pouvons échanger des photos numériques, une sorte de frénésie pour rattraper ce temps perdu qui recelait d’authentiques amitiés. C’est aussi là une grande leçon de modestie.
Ainsi ma devise figurant sur mon Windows Live Messenger :‘ Le virtuel abolit l'espace, il peut parfois combler l’absence’ prend du sens.

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